Mère célibataire
La mère d'Alexandrina, Maria Ana Costa |
Nous venons de lire dans la transcription du certificat de
baptême d'Alexandrina Maria, que Maria Ana, sa mère, était célibataire, ce qui
mérite quelques explications, bien entendu.
« Le nom de son
père — pouvons nous lire dans la déposition de l'un des témoins,
lors du procès de béatification — était
Antonio Gonçalves Xavier. » [1]
« Celui-ci mena une vie très libre et de ses relations coupables
avec Maria Ana da Costa, naquit une fille, Deolinda. Il promit bien de se
marier avec la mère de l'enfant, mais quand celle-ci attendait l'accomplissement
de cet engagement, lui, il s'en alla au Brésil, afin, disait-il, de gagner
l'argent nécessaire pour fonder leur futur foyer », rapporte un autre
témoin. [2]
À son retour, de nouveau il promit le mariage et, après de
nouvelles relations, une autre fille naquit : Alexandrina Maria. Avant
même la naissance de l'enfant, Maria Ana se rendit à Vila do Conde, [3]
dans l'intention de passer ensuite à Póvoa de Varzim, afin d'aviser son amant
de sa grossesse et solliciter le mariage. Toutefois, lors de sa rencontre avec
Saveiro, une certaine demoiselle, une rivale, à qui il avait aussi promis le
mariage, vint lui « demander des
comptes », sur de soi-disant ragots qui circulaient et qui en disaient
long sur la fidélité de cet homme.
« Quelques
semaines plus tard — raconte encore le docteur Azevedo — le mariage entre Xavier et cette demoiselle
fut célébré. À partir de cette occasion, la vie de Maria Ana changea
complètement. Elle était toujours la première à entrer à l'église, le matin.
Elle donna même à ses filles, une authentique éducation religieuse. » [4]
« Elle s'habilla de noir, se donna
une vie de grande prière et se consacra à faire le bien autour d'elle,
assistant les malades. Et on peut dire que toutes les personnes qui décédèrent
dans le village, furent habillées par ses soins », conclut le Père
Pasquale. Celui-ci, grand connaisseur des gens et des mœurs portugaises de ce
temps-là, explique encore :
« Je pense qu'il est possible de trouver des circonstances
atténuantes à la fréquence des enfants illégitimes, non seulement à cette
période, mais aussi dans cette région. En effet, les gens du peuple, ne considéraient
pas cela comme un motif de grand scandale. »
« Maria Ana est toute à tous. Elle ne refuse pas de partager le
peu de biens dont elle dispose, avec ceux qui ont encore moins qu'elle et, sa
générosité finira même par dépasser ses propres moyens et, à son tour, elle
aussi aura besoin de l'aide de ses voisins et amis. En effet, s'étant portée
caution pour les dettes de l'une de ses sœurs, Maria Ana dut payer
celles-ci », comme l'explique le docteur Azevedo et que le Père
Pasquale confirme et complète en ces termes: « Elles vécurent une période de grande pauvreté à cause de la générosité
de la mère, laquelle prêta de l'argent qui ne lui fut jamais remboursé, ce qui
fit qu'elles parvinrent au point de presque tout perdre, y compris leur propre
maison... et bien souvent la nourriture leur manqua, ainsi que de quoi se vêtir. »
[1]
Docteur Manuel Augusto Dias de Azevedo, médecin traitant d'Alexandrina.
[2] Le Père Umberto Pasquale, deuxième
directeur spirituel de la servante de Dieu.
[3] Petite ville sur le littoral, à 4 kilomètres de Póvoa
de Varzim et à 17 environ de Balasar. Port de pêche.
[4] Summarium. Déposition du docteur
Azevedo.
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