lundi 23 juillet 2007

DIRECTEUR SPIRITUEL

Un saint prêtre

En 1933 Alexandrina a 19 ans et elle vit déjà une intense vie spirituelle, où les “touches” divines sont déjà fréquentes, comme elle-même l’explique dans son Autobiographie, mais elle n’avais toujours pas de Directeur spirituel. Le Seigneur qui est “riche en Miséricorde”, va y pourvoir d’une façon particulière.
Alexandrina “ignorait ce que c’était qu’un directeur spirituel”, ne sachant même pas qu’il est préférable d’en avoir un particulièrement lorsqu’on est dépositaire de charismes particuliers. Mais, Alexandrina ignorait aussi qu’elle avait en elle, gratuitement offerts par Dieu, ces dons exceptionnels qui allaient faire d’elle une “Doctoresse en sciences divines”.
Le Seigneur qui dans son amour envers nous, cherche toujours des moyens efficaces pour nous faire retourner à Lui, a voulu avoir besoin de cette jeune fille pure et sage qui ne laissait jamais terminer l’huile de sa lampe, qui n’était donc pas une “vierge folle”. Pour ce faire, Il lui choisit un Directeur spirituel, sage lui aussi, capable de la guider, de la soutenir, de lui tenir la main dans les moments difficiles, de l’aider à monter le dur chemin de la vie spirituelle, souvent parsemé d’embuches, semées par le “singe de Dieu”.
Ce Cyrénéen choisi par le Seigneur sera le père Mariano Pinho, jésuite, âme d’une grande humilité, excellent directeur d’âmes, bon théologien et grand prédicateur.
Il viendra à Balasar, le 16 août 1933, prêcher un triduum en l’honneur du Sacré Cœur de Jésus et leur rencontre se fera à ce moment-là, comme Alexandrina le raconte ci-après.

* * * * *

« J’ignorais ce que c’était qu’un directeur spirituel : c’était Monsieur le Curé qui guidait mon âme[1].
Ma sœur, lors d’une retraite des “Filles de Marie” [2] a demandé au prédicateur, le Père Mariano Pinho,[3] de devenir son directeur spirituel. Celui-ci mis au courant de mon existence et de ma maladie, a sollicité mes prières, avec la promesse de réciprocité. De temps à autre il m’envoyait une image pieuse.
Deux ans plus tard, ayant appris qu’il était malade, mon émotion est allée jusqu’aux larmes; je ne sais pas pourquoi. Ma sœur, étonnée, m’a demandé pourquoi je pleurais alors même que je ne le connaissais pas. Je lui ai répondu :
— Je pleure parce qu’il est mon ami et que je le suis aussi de lui.
Le 16 août 1933, le Père Pinho est venu dans notre paroisse prêcher un triduum en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus et, à cette occasion je l’ai obtenu comme directeur spirituel. Je ne lui ai pas parlé de mon offrande pour les Tabernacles, de la chaleur que j’éprouvais, de la force qui me soulevait,[4] ni des paroles que j’interprétais comme de simples inspirations [5] de Jésus. Ce ne fut que quelques mois plus tard que j’ai mis le Père au courant des paroles de Jésus. Je n’ai rien dit d’autre, parce que je ne comprenais rien aux choses du Seigneur. Le Père ne m’a pas confirmé s’il s’agissait bien de paroles de Dieu; toutefois, je continuais à vivre très unie au Seigneur: jour et nuit, les Tabernacles étaient ma demeure préférée.
(…)
Ce fut seulement au mois d’août 1934 que je me suis décidée à ouvrir mon cœur à mon Père spirituel, venu à Balasar pour une série de sermons. J’ai eu peur, alors, qu’une fois au courant de ma vie, il ne veuille plus continuer de me diriger.
Alors même que je me débattais avec ce doute, Jésus m’a dit :
— Obéis en tout : ce n’est pas toi qui l’as choisi, mais moi qui te l’ai envoyé.
Quand le Père m’a demandé de quelle façon j’avais entendu lesdites paroles, il ne m’a pas expliqué si elles étaient ou non de Jésus.
Quelques jours plus tard, ma sœur, ayant remarqué que je consacrais beaucoup de temps à la prière, m’en a demandé l’explication. Je lui ai dit comment j’occupais mon temps et ce que je ressentais, ajoutant que c’était sûrement la foi et la ferveur avec laquelle je récitais mes prières qui m’absorbaient de la sorte. Deolinda a semblé d’accord et m’a demandé de lui dire tout, afin de pouvoir se remplir de ferveur, elle aussi »[6].

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[1] Alexandrina n’est pas la seule à ignorer ce que c’était qu’un directeur spirituel et sa nécessité. En effet, avant elle, Jean-Jacques Olier, dont la culture et la sainteté sont connues de tous, avoue lui-même, dans ses écrits autobiographiques: “n’ayant point de directeur et n’en connaissant pas, n’en sachant même pas la nécessité”.
Jean-Jacques Olier: “Mémoires authentiques”. Tome I, page 90.
[2] En 1931.
[3] Le Père Mariano Pinho naquit à Porto (Portugal) le 16 janvier 1894. Il est entré à la Compagnie de Jésus à Alsemberg, en Belgique, le 7 décembre 1910. Les Jésuites avaient, en effet, été expulsés du Portugal, lors de l’avènement de la République, le 5 octobre de la même année 1910. Après son cours de philosophie — à Ona (Espagne), il partit en Autriche, à Innsbruck, où il fit sa théologie. Entre ces deux matières, il fit un séjour au Brésil où il fut professeur au Collège Antonio Vieira. C’est dans ce pays « frère » qu’il fut ordonné prêtre le 7 février 1926. Revenu au Portugal, il fut le directeur du « Messager du Sacré-Cœur ».
Il jouissait d’une grande renommée en tant que prédicateur, raison pour laquelle il prêchât dans les plus importantes églises du Pays. Il a écrit aussi de nombreux ouvrages et avait un penchant pour la musique. Il composait avec une certaine facilité : il avait une âme d’artiste.
Il devint, en 1933, directeur spirituel d’Alexandrina Maria, charge qu’il occupa jusqu’en 1942, de façon régulière. Victime de calomnies et de l’opposition de certains de ses collègues, il dut abandonner la direction de la Servante de Dieu et fût exilé au Brésil, où il rendit sa belle âme à Dieu le 11 juillet 1963, deux avant que ne commence le procès diocésain de béatification de sa dirigée.
Le Cardinal Patriarche de Lisbonne, Manuel Gonçalves Cerejeira, disait de lui: « Le Père Mariano Pinho fut un saint malgré sa charité ingénue... »
[4] Il lui arrivait aussi de subir la lévitation.
[5] Il ne s’agissait pas d’inspirations, mais de vraies locutions intérieures. Deolinda confirma les lévitations de sa sœur.
[6] Autobiographie.

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