vendredi 12 décembre 2008

L'AMOUR QUI MEUT LE SOLEIL


“L'AMOR CHE MUOVE IL SOLE E L’ALTRE STELLE”
“L’AMOUR QUI MEUT LE SOLEIL ET LES AUTRES ETOILES”

Eugenia Signorile est l’une des rares personnes qui se soit plongée à fond dans la vie et les écrits de la bienheureuse Alexandrina ; de cela il lui est resté une immense fascination qu’elle a essayé d’exprimer dans les livres successifs qu’elle a écrits..
Le dernier, sorti il y a à peine quelques jours, a un titre très original : “L’amore che muove il sole e l’altre stelle” — “L’Amour qui meut le Soleil et les autres étoiles”. La phrase est le dernier vers de la Divine Comédie de Dante. Il est bon de transcrire ci-après les vers précédents :

A l'alta fantasia qui mancò possa;
ma già volgeva il mio disio e 'l velle,
sì come rota ch'igualmente è mossa,
l'amor che move il sole e l'altre stelle.
Ce qui veut dire :
“A la haute imagination ici manqua le pouvoir ;
mais déjà, comme une roue mue également,
tournait mon désir et le vouloir,
l’Amour qui meut le Soleil et les autres étoiles”. (Trad. Lamennais)
L’auteur, Eugenia Signorile a écrit une fois qu’elle avait l’obsession de l’amour. C’est certainement avec ce thème johannique qu’elle a voulu remplir les pages de son livre. L’amour est présent dans les titres des quatre parties qui le composent : I – Comment Jésus aime ; II – Comment Alexandrina aime ; III – L’amour mutuel entre Jésus et Alexandrina ; IV – Comment la Mère aime.
Le titre primitif était : “Les protagonistes de l’amour”. Et ce sont eux, ces protagonistes, que naturellement on retrouve dans ces titres.
Le livre décrit une vision d’Alexandrina, racontée au Père Pinho dans une lettre datée du 10 septembre 1940 :

« Dimanche dernier — le 8 septembre —, jour anniversaire de la chère “Mãezinha” (voilà l’explication de cette extase qui eut lieu un dimanche, peut-être le seul), un tableau s’est gravé dans mon âme, tableau qui n’est pas encore disparu ; (…)
Elle
— la Vierge Marie — du haut du ciel contemplait la terre, les yeux fixés sur la pauvre humanité. Son très-saint Cœur était dans une douleur presque mortelle. La tête inclinée vers la terre, Elle n’écartait pas de notre terre son très-saint regard, regard plein de tendresse et de compassion.
Mais, quelle douleur si poignante et combien son Cœur était blessé ! Oh ! Combien souffre notre chère et tendre Mère !
Nous sommes mardi et cette scène ne m’a toujours pas quittée: on dirait qu’elle s’est gravée en moi pour toujours.

Il n’y a même pas une heure je l’ai encore revue inclinée vers la terre, ne parvenant pas à retirer d’elle ses yeux, des yeux qui ressemblaient à deux sources de larmes, larmes d’une profonde douleur qui baignaient la terre ».
Et Eugenia Signorile de conclure :

“Cette scène restera-t-elle aussi gravée dans nos cœurs ?
Oui ! Dans le cœur de beaucoup de personnes, qui, enveloppées dans la flamme d’amour de ces modèles, seront pris dans l’élan généreux de la construction d’un monde de justice et de paix, dans lequel,

le Cœur Immaculé triomphera
(Fatima, le 13 juillet 1917)

Dans la deuxième page de couverture, on trouve l’un de ces extraordinaires éloges que Jésus, assez fréquemment, adressait à Alexandrina et qui naturellement la placent parmi les plus hauts noms de la sainteté :

“Je veux que tout ce qui m’appartient transparaisse en toi :
Je veux que ton regard ait la pureté du Mien ;
Je veux que tes lèvres aient le sourire et la tendresse des miennes ;
Je veux que ton cœur ait la tendresse, la charité et l’amour du Mien ;
En somme :
Je veux que tu m’imites en tout, Je te veux semblable à Moi”.

Le livre porte le nom d’Alexandrina comme auteur ; il est orné de plusieurs illustrations originales (dont deux de Brenda Hunter et les autres d’Elisabeta Alberti) et il est édité par la Mimep-Docete.

samedi 15 novembre 2008

AUTOBIOGRAPHIE - VII

Amour envers les pauvres,les malades et les vieillards

J’étais très amie des vieillards, des pauvres et des infirmes. Quand j’apprenais que quelqu’un n’avais pas de quoi se couvrir suffisamment, je demandais à ma mère de m’en fournir le nécessaire à cet effet. Souvent j’allais tenir compagnie à ceux qui souffraient. J’ai assisté à la mort de certains, priant comme je le savais. J’aidais à habiller les défunts, même si cela me coûtait beaucoup ; je le faisais par charité. Je n’avais pas le courage de laisser les parents du défunt tout seuls. Je leur rendais volontiers ces services, les voyant si pauvres.
J’aimais beaucoup faire l’aumône aux pauvres. Combien de fois j’ai pleuré, parce que impuissante à les aider selon leurs besoins! Je me sentais heureuse de me priver de ma propre alimentation, pour eux.
Malgré ma jeunesse, il m’arrivait souvent de donner des conseils à de plus âgés que moi [1]. Je les réconfortais comme je le savais, obtenant que certains ne commettent pas le mal [2]. Des confidences qui m’étaient faites, j’ai toujours gardé le plus rigoureux secret.
Je me sens pleine de reconnaissance envers le Seigneur. C’est à Lui que je dois ce comportement.

Amour pour la prière

Je ne passais pas un jour sans prier, que ce soit à l’église, à la maison ou sur la route.
Je faisais toujours ma communion spirituelle de la façon suivante :
— O mon Jésus, venez dans mon pauvre cœur ! Je Vous désire : ne tardez pas. Venez m’enrichir de Vos grâces, augmentez en moi votre saint et divin amour. Unissez-moi à Vous ! Cachez-moi dans votre Côté sacré ! Je n’aime que Vous. Je n’aime que Vous, je ne veux que Vous, je ne désire que Vous. Je vous rends grâce, Père éternel, pour nous avoir donné Jésus au très Saint-Sacrement. Je vous remercie, mon Jésus, et, enfin, je Vous demande votre sainte bénédiction.
Loué soit à tout instant, Jésus au très Saint-Sacrement !
Je récitais aussi diverses prières jaculatoires, comme « Qu’Il soit bénit… » et « Grâces et louanges soient rendues… »
J’aimais beaucoup faire la méditation sur le très Saint-Sacrement et sur la Sainte Vierge. Quand je ne pouvais pas la faire de jour, je la faisais de nuit, à l’insu de tous, en allument une bougie que j’avais cachée à cet effet.
La vie des saints et les méditations très profondes ne me satisfaisaient pas, parce que je me rendais compte que je ne ressemblais en rien aux saints ; au lieu de me faire du bien, elles me faisaient du mal.

Grave maladie

A douze ans je suis tombée si gravement malade, que les derniers sacrements m’ont été administrés. Je me suis préparée à la mort avec beaucoup de sérénité. Un jour où la fièvre était montée assez haut, j’ai déliré, mais je me souviens d’avoir demandé à ma mère que l’on me donne Jésus. Elle a pris le crucifix et me l’a présenté.
— “Ce n’est pas celui-ci que je veux: je veux Jésus Eucharistique !”

La période la plus douloureuse de ma vie de travail

De 12 à 14 ans, j’ai bénéficié d’une bonne santé. A cette époque, j’ai été placée par ma mère au service d’un voisin,[3] mais avec ces conditions : possibilité d’aller me confesser tous les mois; possibilité, les dimanches après-midi, de venir à la maison afin de pouvoir assister aux cérémonies religieuses; prohibition absolue de me laisser sortir le soir. Le contrat était valable pour cinq mois, mais je ne l’ai pas terminé. Le patron était un geôlier : il me gratifiait de sobriquets péjoratifs, m’obligeait à un travail supérieur à mes forces. C’était un homme impatient, cruel avec les animaux. Il m’humiliait devant tout le monde. Cette triste vie sapait la joie de ma jeunesse.
Un certain après-midi, il m’a envoyée au moulin, où je suis arrivée en début de soirée; à mon retour, il faisait déjà noir, car il fallait une heure de route. Il m’a réprimandée durement, et m’a traitée de voleuse. Son père, déjà âgé, a pris ma défense. Comme chaque soir je revenais chez moi, cette fois-là, assez peinée parce que ma conscience ne me reprochait rien, je me suis plainte à ma mère. Elle s’en est informée et, voyant que le contrat n’était pas respecté, m’a retirée de son service, malgré l’insistance de mon patron.
Une fois, à Póvoa de Varzim, ce même patron m’avait laissée, de 22 heures jusqu’à 4 heures du matin, à surveiller quatre paires de bœufs, pendant que lui et l’un de ses amis étaient partis, je ne sais où. Remplie de peur, j’ai passé ainsi ces tristes heures de la nuit. J’ai eu pour compagnes les étoiles du ciel qui brillaient de tout leur éclat.
À l’âge de douze ans, j’ai été admise à l’école des catéchistes et à la chorale. Pour le chant j’avais une vraie passion. Mais, malgré cela, je travaillais avec beaucoup de satisfaction à l’école de catéchisme [4].
Quand je communiais et que je me trouvais au milieu de mes compagnes pour l’action de grâces, je me sentais toute petite et la plus indigne pour recevoir Jésus Eucharistique.
_____
[1] Belmira Martins Sá Faria, témoigna, lors du procès diocésain, que son mari étant contre l’Église s’est vu un jour interpeller par Alexandrina. Écoutons: “ Je passais à côté d’Alexandrina. Elle s’arrêta et me dit: “Allez vous confesser!” Étonné que le rappel me soit fait par une toute jeune fille, je lui ai répondu d’un ton sec: — Dans d’autres temps, c’étaient les anciens qui conseillaient les jeunes. Maintenant, ce sont les anciens qui sont repris par les jeunes!” Dans les dernières années de sa vie, cet homme retourna à l’Église et mourut chrétiennement.
[2] Ana Sisto, qui avait travaillé dans les champs avec Alexandrina, affirmait que celle-ci, pour éviter que pendant le travail, l’on ne fasse pas de mauvais “discours”, dirigeait elle-même la récitation du Chapelet.
[3] Monsieur Lino Ferreira.
[4] Cândido Manuel des Santos témoigne: “Alexandrina avait une telle habileté pour traiter avec les tout petits et pour leur parler de Dieu, que souvent ils abandonnaient les autres catéchistes, pour venir auprès d’elle”.

lundi 20 octobre 2008

AUTOBIOGRAPHIE - VI


Le texte que nous allons lire ci-après est très particulier, car il démontre, chez la Bienheureuse, dès son plus jeune âge, l'idée qu'elle se faisait du lieu des peines éternelles: l'enfer.

La fermeté de son “en enfer, moi je n'irai pas” a déplu à certains qui ont vu dans cette afirmation catégorique une sorte de vanité ou même de l'orgueil. Cela est tout à fait erroné, car Alexandrina a toujours été d'une humilité exemplaire, toute sa vie durant. Il faut plutôt y voir le désir qu'elle a toujours affirmé: fuir le péché et l'occasion de pécher, car le péché seul conduit en enfer.

Mais, laissons lui le soin de nous raconter sa première confession “générale” et l'effet que produisit en elle le sermon du célèbre et docte Frère Manuel das Chagas, sur lequel nous vous donnerons quelques explications dans un prochain article:

À l’âge de neuf ans, j’ai fait ma première confession générale à frère Manuel das Santas Chagas qui prêchait à Gondifelos. Moi, Deolinda et ma cousine Olívia, ayant pris quelques victuailles, nous y sommes allées, et nous y sommes restées toute l’après-midi pour écouter le sermon. Je me souviens que nous ne sommes même pas sorties de l’église pour aller jouer. Nous avons pris place tout près de l'autel du Sacré-Cœur de Jésus, j'ai placé mes sabots à l'intérieur de la balustrade.
Le sermon avait pour sujet l’enfer.
J'ai écouté avec beaucoup d'attention le prédicateur qui, à un certain moment, nous invita à nous transporter, par la pensée, en ce lieu. Incapable de comprendre le vrai sens de cette invitation et, persuadée que le Père était un saint, je suis restée convaincue, que d'un moment à l'autre, il nous y amènerait. Placée en face de cette conjecture, je me suis révoltée et me dis à moi-même: “en enfer, moi je n'irai pas ! Si le Père et tous les autres veulent y aller, moi, je prends mes jambes à mon coup et je m'échappe promptement”.
Et, sans plus attendre, j'ai ramassé mes sabots afin d'être prête à fuir à la première alerte. Quand j'ai remarqué que personne ne bougeait, alors je me suis un peu calmée... Mais, mes sabots, je ne les ai plus quitté des yeux...

mardi 14 octobre 2008

AUTOBIOGRAPHIE - V


La maison où vécut Alexandrina

Après 18 mois, ma sœur ayant obtenu son diplôme, nous avons quitté Póvoa. Ma mère voulait que je continue ma scolarité, mais je n’ai pas voulu rester toute seule. Je n’avais pas appris grand chose.
Nous sommes retournées, pour quatre mois encore, habiter Gresufes,[1] où je suis née. Ensuite, nous sommes venues habiter plus près de l’église, dans une maison appartenant à ma mère, au lieu-dit “Calvário” [2]
Vers les neuf ans, quand je me levais de bonne heure pour les travaux des champs et que je pouvais être seule, je m’extasiais à contempler la nature: l’aurore, le lever du soleil, le chant des oiseaux, le gargouillement de l’eau me pénétraient et me transportaient à une si profonde contemplation qu’un peu plus j’oubliais que je vivais dans le monde. Je restais là, absorbée par cette pensée: combien grand est le pouvoir de Dieu !
Lorsque je me trouvais au bord de la mer, je m’extasiais devant cette grandeur infinie.
La nuit, en contemplant le ciel et les étoiles, je me perdais dans l’admiration des beautés du Créateur.
Combien de fois, dans mon petit jardin, j’admirais le ciel, j'écoutais le murmure de l’eau et je pénétrais chaque fois davantage dans l’abîme des grandeurs divines !
Quel dommage que je n’ai pas su profiter de ces moments-là pour m’adonner à la méditation.
Malgré mon espièglerie, j’avais une très grande peur de perdre mon innocence et de m’attirer la désapprobation de Dieu. Je me souviens d’avoir dit deux paroles que j’ai considérées comme étant un péché: j’en ai eu honte et, il m’a été très pénible de les confesser.
Je n’aimais pas les conversations malicieuses. Même si je n’en comprenais pas le sens, je menaçais de ne plus accompagner ceux qui ne seraient pas corrects. De la même façon, je m’indignais quand je voyais quelque geste déplacé. [3]

[1] Lieu-dit, faisant partie du village de Balasar, lequel est composé d’un grand nombre de ceux-ci, comme nous le verrons par la suite.
[2] Calvaire. Tel est le nom de cet autre lieu-dit, qui va être le “théâtre” d’une vie toute consacrée à Dieu. Jésus en parlera quelques fois à Alexandrina, de cette “coïncidence”. En 1832, au pied de cette petite colline, une croix de terre est apparue, à même le sol, le jour de la Fête Dieu. Le curé de l’époque la fit effacer à trois reprises et à chaque fois elle est réapparue. Alors les villageois décidèrent de construire sur celle-ci, pour la protéger, une petite chapelle dédiée à la sainte Croix. Elle existe toujours et est visité quotidiennement par tous ceux qui se rendent en pèlerinage sur la tombe d’Alexandrina.
[3] Cândido dos Santos témoigne: “Je l’ai vue, un jour, s’enfuir d’auprès d’un garçon qui lui avait adressé une parole malhonnête. Tapant de son index sur le front, elle lui dit: « Très sale, mon cher! Fais attention! »”.

lundi 13 octobre 2008

LETTRE A JESUS

Je suis ta plus indigne fille

Balasar, le 19 février 1942.
Mon bon Jésus,
Je sens mon cœur tailladé par la douleur. Aurez-Vous encore d’autres coups à me porter ? Que votre volonté soit faite. Clouée sur la croix avec Vous, saignant et dans la plus grande agonie, je me vois et je me sens abandonnée. Je ne peux pas vivre dans le monde, j’ai peur.
Jésus, venez vite, venez, emportez-moi au Ciel. Les hommes tente d’écarter de moi, de m’arracher pour toujours ce qui me procurait quelque soulagement, qui pouvait me réconforter. Ils m’ont pris mon Père spirituel, ils lui ont interdit de m’écrire et à moi de ne plus lui envoyer de lettres. Je suis seule au milieu de la tempête et celle-ci ne se calme pas.
Je vous ouvre mon pauvre cœur, Vous seul savez y lire ce qu’y est écrit avec douleur et sang ; Vous seul comprenez et pouvez évaluer ma souffrance. Le monde l’ignore, les hommes n’y comprennent rien. Laissez-moi Vous dire ce que Vous avez dit à votre Père Éternel :
“Pardonnez-leur, mon Jésus, car ils ne savent pas ce qu’ils font !” Ils sont aveugles, il leur manque votre divine lumière : éclairez-les tous et donnez à tous votre amour.
Ô Jésus, tous mes pressentiments se sont avérés exactes. Pourront-ils encore m’interdire de vous recevoir sacramentellement ? Pauvre de moi, cela serait le coup qui m’ôterait la vie, si Vous avec votre divin pouvoir ne me conservez pas la Communion.
Qu’ils disent ce qu’ils voudront, qu’ils fassent ce qui leurs plaira, ce qu’ils ne m’ôteront jamais c’est cette union avec Vous.
Me priver de Jésus sacramentel, oui, je ne doute pas qu’ils le fassent ; ôter de mon cœur le très riche trésor que j’adore, que j’aime plus que toute autre chose, le Père, le Fils, le Saint Esprit, cela, jamais, jamais les hommes y parviendront : il aurait fallu qu’ils me fassent vivre sans cœur et sans âme.
Impossible ! Que vienne la force du monde entier et que toute cette force se jette contre moi : mais, me séparer de cette grandeur infinie, de cet amour infini, cela jamais ! Seul le péché, lui seulement pourrait m’en séparer.
Mais j’ai pleinement confiance en Vous ; c’est de Vous, mon Jésus, que j’attends tout, malgré le ressentir de mon âme arrive presque à me persuader : que je me trompe moi-même : je sens que je ne Vous aime pas, je sens que je ne peux rien attendre de Vous à cause de ma misère qui est si grande.
Quelle confusion que la mienne ! Combien grande est ma détresse !
Soulevez-moi, mon Jésus, aidez-moi, même ainsi clouée à la crois, à monter tout le chemin douloureux du calvaire. À chaque escalier par où je passe, je veux laisser écrit avec le sang que de mes plaies s’écoule :
C’est pour Jésus que je souffre, c’est pour lui donner des âmes que je chemine !
Jésus, Jésus, je ne vois pas le Ciel, tout le bleu du firmament s’est éloigné de moi, je l’ai perdu, on m’a volé ce qui était ma vie. Je ne sens que douleur, je ne sens et ne vois que la mort. Je n’ai pas à qui recourir : ce n’est que Vous et la Mãezinha que je peux appeler.
Pauvre de moi ! Combien de fois à cause de ma souffrance je n’ose même pas Vous regarder !
Écoutez-moi toujours, même quand je ne vous appelle pas ; demandez à la Mãezinha qu’Elle m’aide, donnez-moi toute la force du Ciel !
Tous les bruits que j’entends me rappellent mon Père spirituel. Est-ce lui qui arrive ? Quelle vie d’illusions !
Chaque pensée qui me vient en tête sur mon pénible état, ce sont comme des flèches qui se plantent dans mon cœur, ce sont comme une flagellation qui met en lambeaux mon cœur et mon âme. Quel mal ai-je fait ? Quel crime ai-je commis ?
Ô mon Jésus, si ce n’était pas votre amour, si ce n’était pas cet ardent désir de Vous donner des âmes, je me refuserais à tout cela. J’aimerais Vous aimer beaucoup, ne jamais Vous offenser pour gagner le Ciel, mais je ne voudrais pas — sur la terre — la crucifixion, je ne voudrais point entendre votre douce voix, je n’aimerais pas regarder votre divine Image, ni douloureuse ni glorieuse : j’aurais une éternité entière pour Vous contempler et pour vous entendre parler.
Pardonnez mes épanchements, Jésus, Vous savez bien que Vous êtes le seul avec qui je peux m’épancher.
Vous avez voulu me choisir pour la souffrance, Vous m’avez destinée à de si grands martyrs, voici votre victime, voici votre esclave, Jésus, faites de moi ce qu’il Vous plaira.
Accorde-moi ta bénédiction, mon Aimé. Dis à la Mãezinha qu’Elle me bénisse et me protège. Je suis ta plus indigne fille, la pauvre,

Alexandrina

jeudi 9 octobre 2008

AUTOBIOGRAPHIE - IV


Au four et à mesure que je grandissais, le désir de prier augmentait en moi. Je voulais tout apprendre. Encore aujourd’hui je garde le livret de prières et de dévotions de mon enfance: prières à la Sainte Vierge, offrande quotidienne au Seigneur de mes actes journaliers, prière à l’Ange gardien, à saint Joseph, et plusieurs prières jaculatoires.
Quand je sortais en promenade avec ma nourrice et avec d’autres enfants, je m’éloignais pour cueillir des fleurs que j’allais ensuite déposer dans la chapelle de Notre-Dame des Douleurs.
Au mois de mai, je me réjouissais à contempler les autels de la Vierge, ornés de fleurs et heureuse aussi, quand ma mère m’y conduisait dans ce but.
Le chapelain de l’église de Notre-Dame des Douleurs organisait des comités d’enfants pour le culte envers Marie. Dans le village, des voisines s’occupaient de recueillir des denrées alimentaires [1]. Je me souviens qu’un jour, à Aguçadoura, on nous a donné très peu. Nous avons eu alors la malheureuse idée d’entrer dans un champ de pommes de terre: nous y avons cueilli presque deux kilos.
J’aimais beaucoup ma nourrice. Quand je recevais quelque présent, je lui en rendais toujours compte, pour lui faire plaisir: je le faisais de tout cœur, malgré que je sois bien méchante.
Un jour, ma sœur lui a demandé d’aller faire ses devoirs chez une copine et moi, je me suis entêtée à la suivre. La dame s'y opposant formellement, j’ai pleuré de dépit et je l’ai gratifiée d’un sobriquet. Elle ne m’a pas punie, mais elle m’a prévenue que je ne pourrais pas aller me confesser sans lui avoir, auparavant, demandé pardon. Ma sœur aussi m’a dit la même chose. Lui demander pardon, me coûtait beaucoup, mais le désir de me confesser et de faire la Communion était si grand, qu’il a pris le dessus sur mon orgueil. Je me suis agenouillée devant elle et elle m’a pardonné, les larmes aux yeux. J’ai éprouvé une très grande joie du fait de pouvoir aller me confesser et de recevoir Jésus.
Pour cette même période, je me souviens aussi du respect que j’avais vis à vis des prêtres. Quand, étant assise sur le pas de la porte, seule ou accompagnée, je voyais passer l’un d’eux, je me levais pour lui demander sa bénédiction. Ayant remarqué que certaines personnes s’en étonnaient, ce qui me réjouissait, je m’asseyais exprès, afin de pouvoir me relever aussitôt qu’un ministre du Seigneur passait par là, lui montrant ainsi ma vénération envers eux.

[1] Celles-ci étaient ensuite vendus aux enchères et le produit de la vente destiné aux frais des festivités en l’honneur de la Vierge. Cela se pratique encore de nos jours, dans les petits villages portugais.

mercredi 1 octobre 2008

AUTOBIOGRAPHIE III

Première communion

En janvier 1911, avec ma sœur, nous avons été envoyées à Póvoa de Varzim,[1] afin de pouvoir fréquenter l’école [2]. La pensée de ce que cela m’a coûté de quitter ma famille me répugne. Pendant longtemps, j’ai beaucoup pleuré. Pour me distraire, on me comblait de caresses et on cédait à tous mes caprices. Après un certain temps, je me suis résignée. J’ai, toutefois, continué à être gamine : je m’agrippais derrière les tramways, pour de longs parcours; je traversais la route au moment où ceux-ci démarraient : les conducteurs ont été obligés de se plaindre à ma nourrice. Souvent je m’enfuyais de la maison pour aller sur la plage ramasser les algues: je pénétrais dans l’eau comme les pêcheurs. Ce qui affligeait le plus ma nourrice, c’était que je m’absentais en cachette.
À Póvoa de Varzim j’ai fait ma première communion. Le Père Alvaro Matos m’a examinée sur le catéchisme, m’a confessée et m’a donné la Communion pour la première fois. J’avais alors 7 ans. Comme prix j’ai reçu un beau chapelet et une image pieuse. J’ai communié à genoux et, malgré ma petite taille, j’ai pu fixer la sainte Hostie, de telle manière qu’elle s’est imprimée en mon âme. J’ai cru alors m’unir à Jésus pour ne plus être séparée de Lui. Il a pris possession de mon cœur, ce me semble. La joie que je ressentais était inexprimable. À tous j’annonçais la bonne nouvelle. Ma maîtresse, désormais, me menait chaque jour à la communion.
Ce fut à Vila do Conde,[3] que j’ai reçu, des mains de Son Excellence l’Évêque de Porto,[4] le sacrement de Confirmation. Je me souviens, très bien, de cette cérémonie et de la joie qu’elle m’a procurée. Au moment où je recevais ce sacrement, je ne sais pas bien expliquer ce que j’ai ressenti: on dirait une grâce surnaturelle qui me transformait et qui m’unissait plus profondément à Notre-Seigneur. Je voudrais bien expliquer tout cela, mais je ne le sais pas.
___

[1] Cette petite ville balnéaire, se trouve à environ 16 kilomètres de Balasar. Les deux sœurs furent mises en pension chez un menuisier, monsieur Pedro Teixeira Novo, qui demeurait rue da Junqueira. Les deux sœurs fréquentèrent l’école Mónica Cardia, madame Emília de Freitas Alvares ayant été leur institutrice.
[2] Il n’y avait pas à Balasar, à ce temps-là, d’école pour les filles. Il n’existait qu’une école de garçons. En effet, à cette époque, la scolarité était un privilège réservé à quelques-uns, car la plupart des enfants travaillaient dès leur plus jeune âge, dans les champs avec leurs parents. Ce n’est qu’en 1931, qu’une école de filles fut ouverte dans le village.
[3] Petite ville balnéaire, à 3 kilomètres de Póvoa de Varzim.
[4] Monseigneur Antonio Barbosa Leão, duquel Alexandrina conserva une photo jusqu’à sa mort, en souvenir de sa Confirmation.

dimanche 28 septembre 2008

AUTOBIOGRAPHIE - II


Le catéchisme.

Lorsque, âgée de cinq ans, j’ai commencé à fréquenter le catéchisme, un grand défaut est apparu : mon entêtement. Un jour je suis allée au catéchisme et le coadjuteur de monsieur l’Abbé, le Père António Matias m’a assigné une place parmi les enfants de mon âge, mais moi, je voulais aller parmi les plus grands, avec lesquels j’avais l’habitude de jouer. Malgré l’insistance et les promesses du Révérend, je n’ai pas cédé. Quelques jours plus tard, le Père finit par me convaincre et est devenu mon ami ; il m’abritait même de la pluie, de chez moi à l’église et de l’église à chez moi. Mais ce qui est certain c’est que j’était très têtue.

À l’église, je restais volontiers à regarder les statues. Elles m’attiraient; tout particulièrement celles de Notre-Dame du Rosaire et de saint Joseph. Leur habillement somptueux éveillait en moi le désir d’être élégante comme eux, pour paraître bien. N’était-ce pas là une preuve de ma vanité ? Je voulais avoir, moi aussi, d’aussi beaux habits, pour paraître belle.
En même temps que ces défauts, j’exprimais, vers ce même âge, mon amour envers la Maman du ciel: je chantais avec enthousiasme ses louanges et j’apportais des fleurs aux dames qui avaient la charge de fleurir son autel.

J’étais tellement vive, qu’on m’appelait « Marie-garçon ». Je dominais non seulement les filles de mon âge, mais aussi les plus âgées. Je grimpais aux arbres et je marchais de préférence sur les murs que sur la route.
J’aimais bien travailler: je faisais le ménage, je ramassais le bois et je faisais d’autres travaux domestiques ; j’aimais bien que le travail soit bien fait et j’aimais aussi être habillée proprement.
Un jour, alors que j’étais dans un pâturage, avec ma sœur Deolinda et une cousine, un âne s’est sauvé dans un champ cultivé. J’ai couru le chercher, mais, avec un coup de tête, il m’a jetée par terre, et avec sa pâte il a commencé à me gratter la poitrine, comme s’il voulait jouer. Il a répété son jeu plusieurs fois, mais ne m’a fait aucun mal.
Mes compagnes se sont mises à crier : très vite plusieurs personnes sont accourues et sont restées étonnées de me voir saine et sauve.
Quand je rencontrais certaines de mes cousines qui habitaient loin de là, je chantais avec elles, sur les chemins, l’Avé Maria. J’aimais aussi chanter des chants populaires et, je me souviens encore du premier que j’ai chanté et qui disait ceci :


O Marie, donne-moi du feu
Car je le vois d’ici briller
Laisse échapper ton amour
Je l’ai vu en toi rentrer.


Une autre fois, avec ma sœur Deolinda, nous sommes allée rendre visite à ma marraine. Pour arriver plus vite, nous avons décidé de traverser la rivière Este, en sautant sur les pierres qu’y avaient été mises à cet effet. Mais la force du courent était telle, que les pierres ont roulé sous nos pieds. Tombées à l’eau, nous ne nous sommes sauvées que par miracle.
J’aimais beaucoup visiter ma marraine, parce que, à chaque fois, elle me donnait de l’argent. Peu après elle est décédée et ce fut là mon premier chagrin. Je la regrettais, mais je regrettais aussi le gâteau de Pâque et les habits qu’elle m’avait promis pour mes sept ans. Ma grand-mère la suppléa et chaque année m’offrait un gâteau à Paque.
Âgée de six ans, il m’arrivait de rester, la nuit, de longs moments, à voir tomber sur moi des milliers de pétales des fleurs multi couleurs : ont dirait une pluie fine. Ceci se répéta plusieurs fois. Je voyais tomber ces pétales, mais je ne comprenais pas ; peut-être étai-ce Jésus qui m’invitait à contempler ses grandeurs.

vendredi 26 septembre 2008

AUTOBIOGRAPHIE - I

Après quelques moments de prière, implorant le secours du ciel et la lumière de l’Esprit Saint, afin de pouvoir faire ce que mon directeur spirituel m’a ordonné, je commence à écrire ma vie, telle que Notre Seigneur me la rappellera, bien que cela soit pour moi bien pénible.
Je m’appelle Alexandrina Maria da Costa. Je suis née à Balasar — arrondissement de Póvoa de Varzim, district de Porto — le mercredi saint 30 mars 1904. J’ai été baptisée le samedi saint suivant, 2 avril. Mon oncle Joaquim da Costa et une dame prénommée Alexandrina, de Gondifelos, ont été mes parrain et marraine.
Je trouve en moi, depuis ma plus tendre enfance, tant de défauts, tant et tant de méchancetés qui, comme celles d’aujourd’hui, me font trembler. J’aurais bien aimé que, depuis le début, ma vie ait été pleine de beauté et d’amour envers Notre Seigneur.
Avant l’âge de trois ans, je ne me souviens de rien, si ce n’est que quelques bribes racontées par les miens. À l’âge de trois ans, j’ai eu la première “caresse” de Jésus.
Je devais rester tranquille auprès de ma mère qui se reposait, mais, bouillonnante comme j’étais, je ne voulais pas dormir, alors je me suis levée. Ensuite je me suis penchée vers un flacon de produit pour les cheveux, comme on utilisait alors: je voulais imiter les grands. À ce moment-là, ma mère s’est réveillée et m’ayant appelée angoissée, j’ai pris peur. Le flacon m’est tombé des mains et s’est fracassé par terre en mil morceaux; et moi, je suis tombée par-dessus, me blessant gravement au visage. Immédiatement transportée chez le médecin, celui-ci a déclaré ne rien pouvoir faire pour moi. Ma mère m’a conduite alors à Viatodos, chez un pharmacien fameux qui m’a posé trois points de suture. J’ai beaucoup souffert: si seulement j’avais su à ce moment-là profiter de la douleur ! Mais non ! Au contraire, j’ai même été méchante envers le pharmacien, refusant les biscuits trempés dans le vin qu’il m’offrait pour me calmer. Voila mon premier acte de méchanceté.
Vers quatre ans, j’aimais m’attarder à contempler la voûte du ciel. Plus d’une fois j’ai demandé aux miens s’il n’était pas possible, en empilant les maisons et les auberges, les unes sur les autres d’arriver au ciel. À leur réponse négative, j’éprouvais une grande tristesse et une grande nostalgie. Je ne sais pas ce qui m’attirait là-haut.
À cette même époque, l’une de mes tantes qui est décédée par suite d’un cancer, habitait avec nous. Déjà malade, elle me demandait de surveiller son enfant, premier fruit de son mariage. Volontiers, je lui rendais ce service, de jour comme de nuit.
Déjà à cet âge j’aimais beaucoup la prière, car je me rappelle que ma tante me demandait de prier avec elle pour obtenir de Dieu sa guérison.

jeudi 25 septembre 2008

JOURNAL - 20-02-1942

Bienheureuse Alexandrina
20 février 1942

Jésus, je viens à votre rencontre. Où êtes-Vous? Ne pourrai-je pas vous trouver? Entendez au moins mes plaintes. Si Vous me manquez, je n’ai plus personne. Ne m’avez-Vous pas vue ce matin clouée en croix avec Vous, dans une grande agonie, les yeux levés vers le ciel, que j’ai senti et j’ai vu disparaître sans le moindre espoir de le revoir et encore moins d’y entrer ? Quelle grande tristesse que la mienne de voir que tout est perdu et sans le moindre remède !
Une fois descendue de la croix, j’ai commencé à monter vers le calvaire. J’étais si faible, si anéantie ! Je marchais péniblement, le visage presque contre terre ; je tombais ici et là, me blessant douloureusement : mon corps baignait dans le sang. Combien grande était ma peur de savoir que dans un instant j’allais être crucifiée et que je n’avais aucun soutien sur la terre ! Heureusement j’avais l’aide de votre divin amour : Vous êtes venu à ma rencontre.
― “Ma fille, l’aide humaine te manque ; aie courage, car l’aide divine ne te manquera jamais.
Le calvaire est le chemin de mes élus ; le calvaire est le chemin de mes épouses ; le calvaire est le chemin de mes crucifiées. C’est par le calvaire que j’accorde le pardon aux pécheurs ; c’est par le calvaire que je remplis les cœurs d’amour.
Courage ! Aie courage, ma petite folle ! Ton Jésus, ta Mãezinha et ton Père spirituel t’accompagnent, t’aident, dans une intime union!”
― Merci, mon Jésus !
Animée par Vos douces paroles, je me suis rendue au Jardin des Oliviers. Je nous Vous y ai pas rencontré, mais votre divine force a vaincu en moi. Dès le débout j’ai ressenti l’audace avec laquelle les soldats se sont présentés à Gethsémani pour la capture. J’ai vu qu’à leur tête Judas, les lèvres pleines de venin. J’ai ressenti sur mon corps les coups de pied qu’un peu plus tard, alors que l’on me ramenait attachée avec des cordes, on me donnait. J’ai eu dans mon cœur Vos sentiments, lors que devant vos yeux vous voyiez tous les péchez et crimes du monde. Si seulement, par ces souffrances, toutes les âmes auraient pu être sauvées ! Mais, ô malheur, combien se perdront encore ne profitant pas de ma souffrance ! Ô Jésus, j’ai senti mon corps recouvert de sang et mes vêtements collés à lui et à la terre. Mais plus encore, beaucoup plus encore a souffert votre corps délicat et divin !
Lors de la flagellation et du couronnement d’épines vous avez toujours veillé sur moi. A l’abri et soutenue par un amour aussi si saint et pur, j’ai senti que mon âme s’enivrait de suavité et de paix et ce fut dans cet état que je me suis un peu reposée.
La Mãezinha est venue ensuite : Elle m’a prise dans ses bras, m’a caressée tendrement. Malgré cela j’ai dû faire appel à Vous et à Elle. En effet, apeurée par la tristesse et par l’abandon, je défaillais continuellement : je n’avais pas la force nécessaire pour poursuivre mon chemin. C’était en vain que j’appelais le ciel. L’abandon était total : il fallait que je sois seule pour agoniser en croix. Pendant cette douloureuse agonie une lance est venue se planter dans mon cœur ; il fallait que j’expérimente toute cette douleur avant d’expirer. Pauvre de moi, pauvre humanité qui ignore combien Vous avez souffert pour elle, ô Jésus !
La crucifixion terminée, j’ai apparemment continué de vivre seule et je me souvenait avec tristesse du départ de mon Père spirituel.
Une preuve de plus de votre amour infini, mon Jésus !
Vous avez permis alors que le Docteur [Azevedo] non seulement s’occupe de mon corps mais aussi d’amenuiser la profonde douleur qui habitait mon âme. Vous qui connaissez tout, Vous Vous êtes servi de lui afin de préparer mon cœur à recevoir cette dernière blessure.
Merci, mon Jésus ; je ne peux dire que cela : merci. Laissez-moi dire avec Vous : “Mon âme est triste à en mourir”. J’ai perdu la lumière, j’ai tout perdu.
Accorde-moi ta bénédiction et ton pardon, mon Amour[1].

[1] Alexandrina qui avait jusqu’ici employé le vouvoiement, termine son texte par le tutoiement : c’est l’épouse qui s’adresse à l’Époux.

mercredi 24 septembre 2008

DOCTEUR AZEVEDO

Le “bon samaritain” d'Alexandrina

Dans l’Autobiographie d’Alexandrina, nous trouvons un long passage où elle parle longuement de son médecin traitant, le docteur Manuel Augusto Dias de Azevedo.
Leur première rencontre eut lieu le 29 janvier 1941, d’une façon imprévue. En effet, accompagné d’un prêtre et de plusieurs autres personnes il rendit visite, ce jour-là à la “Petite malade de Balasar”.
Elle dit, en effet, que ce ne fut qu’un long moment après leur arrivée et de conversation “qu’elle apprit que parmi eux se trouvait un médecin”, ce qui la rendit un peu gênée, non point qu’elle “ait dit quelque mensonge au sujet de sa souffrance”, mais plutôt à cause de l’effet de surprise.
Cette visite n’est pas un fait du hasard, mais une grâce divine, car ce bon médecin que Jésus lui-même surnommera le “Bon Samaritain” deviendra non seulement le médecin traitant d’Alexandrina mais aussi et surtout son défenseur lors des crises les plus graves dans la vie de la Bienheureuse fille de Balasar.
A la fin de l’entretien il se pencha sur elle, et “commença à l’examiner minutieusement, mais avec beaucoup de prudence et de tendresse”, avoue la malade.
Non point pour satisfaire des désirs personnels ou s’acquérir davantage de renommée, mais pour la défense d’Alexandrina, le Dr. Azevedo va faire en sorte qu’elle soit examinée par un certain nombre de grands spécialistes portugais de renom international. Elle sera alors soumise à des examens délicats et difficiles, mais qui s’avèreront par la suite d’une importance capitale, surtout en ce qui concerne son jeûne et son anurie. Le certificat délivré par le Dr Gomes de Araujo, par exemple, fut déterminant dans le procès de béatification.
Le Dr. Augusto de Azevedo sera l’un des meilleurs témoins à avoir déposé lors du procès diocésain : son témoignage est un exemple de sobriété, en même temps que de dévotion non dissimulée. En effet, s’il est vrai qu’il a beaucoup donné, il a aussi beaucoup reçu d’Alexandrina ou par son intercession.

* * * * *

« Le 29 janvier 1941, j’ai reçu la visite d’un Prêtre connu, lequel était accompagné de plusieurs personnes de sa paroisse. Dès son arrivée, il me les a présentées, mais ce n’est qu’après un long moment de conversation que j’ai appris que parmi eux se trouvait un médecin. Sachant cela, je me suis sentie gênée, non pas que j’ai menti, en parlant de ma souffrance, mais tout simplement parce que je ne m’attendais pas à sa présence. Il est toutefois resté discret et souriant. Je ne sais pas ce que je ressentais pour lui au plus profond de moi. J’étais alors loin de penser qu’il deviendrait dans quelques instants mon médecin traitant.
Il a commencé à m’examiner minutieusement, mais avec beaucoup de prudence et de tendresse. Son examen terminé, il lui a paru judicieux d’inviter le Dr Abel Pacheco, jusqu’alors mon médecin traitant, afin de l’informer de son diagnostique. Cela m’a peinée, car j’en avais assez d’examens médicaux, mais j’ai cédé, ayant toujours en vue la volonté de Notre Seigneur et le bien des âmes.
Le premier mai de la même année j’ai été examinée par le docteur Pacheco. L’examen a duré peu de minutes, mais il a été la cause de grandes souffrances pour mon corps et pour mon âme : pour le corps parce que ses mains semblaient de fer ; pour l’âme parce que je ressentais déjà les humiliations et les résultats de cet examen. Malgré cela, j’étais encore loin d’en voir le bout ! J’ai été informée par le docteur Dias de Azevedo qu’il serait mieux que je retourne à Porto afin de consulter le docteur Gomes de Araujo, si telle était la volonté de Notre Seigneur
[1]. Il m’a suggéré de demander la lumière divine e, car il ne voulait en rien contrarier le Seigneur.
Pendant un mois j’ai prié pour savoir si c’était bien là la volonté de Dieu. Plus je demandais de la lumière et plus les ténèbres augmentaient et plus profonde devenait la souffrance de l’âme, car je ne savais pas quoi faire. Finalement, le Seigneur m’a dit que c’était sa divine volonté que je parte à Porto.
Mon état physique était assez grave. Ils craignaient de me sortir de mon lit pour un aussi grand voyage. Moi-même je craignais beaucoup : si, rien que le fait de me toucher était cause de grandes souffrances, comment pouvais-je aller aussi loin ?... Encouragée par les paroles de Notre Seigneur, j’avais confiance en lui et sous sa divine action, je me suis préparée pour partir à l’aube du 15 juillet 1941.
À quatre heures, j’avais déjà fait mes prières. Pour montrer que j’en étais contente, j’ai appelé ma sœur pour lui dire que “nous allions en ville” : rien que pour cacher ma douleur. Pendant que je lui disais cela, j’ai entendu la voiture qui arrivait chez nous.
Le docteur Dias de Azevedo et un monsieur de nos amis
[2] sont entrés dans ma chambre. Après une courte conversation, pendant que ma sœur s’habillait, nous nous sommes préparés pour partir. Nous avons pris la route à 4,30 heures, afin de ne pas alarmer la population ; il faisait encore nuit. En effet, nous sommes sortis du pays sans rencontrer personne.
Mon âme était encore ans dans un plus grand silence ! Plongée dans un abîme de tristesse, sans interrompre mon intime union avec Jésus, je voyageais Lui demandant toujours davantage de courage pour les examens qui m’attendaient et en offrant mon sacrifice afin d’avoir son divin Amour et pour les âmes. J’invoquais aussi la Maman du Ciel et les saints qui m’étaient les plus chers. Rien ne m’attirait et, tout ce que je voyais me causait une profonde tristesse. De temps à autre ils interrompaient mon silence pour me demander si j’allais bien ; je les en remerciais sans même sortir de l’abîme dans lequel j’étais plongée. Il faisait jour déjà quand nous sommes arrivés à Trofa, chez la personne qui nous accompagnait : là je devais me reposer et recevoir mon Jésus, en attendant de repartir pour Porto. Avant de reprendre le voyage, j’ai été portée dans le jardin de monsieur Sampaio et, soutenue par l’action divine, je me suis approchée de quelques petites fleurs que j’ai cueillies en pensant : « — Le Seigneur, quand Il les a créées, savait déjà qu’aujourd’hui je serais venue les cueillir. » Ensuite j’ai été photographiée à deux endroits différents et, de l’un à l’autre, je me suis déplacée toute seule, ce qui n’était plus jamais arrivé depuis que j’avais pris le lit
[3], de la même façon que plus jamais je ne m’étais retournée dans mon lit sans aide de quelqu’un. Ce fut un miracle divin, car sans lui, je n’aurais pas pu le faire.
Nous avons repris le voyage : mon âme souffrait horriblement. À six kilomètres de Porto, Notre Seigneur a retiré son action divine. J’ai commencé à ressentir les habituelles souffrances physiques qui m’ont tourmentée jusqu’à la fin du voyage. J’ai dit alors, non pas parce que je connaissais la distance, mais parce que mon état me l’a fait dire : « — Nous sommes déjà proches de Porto. » Quelqu’un a répondu : « — Nous arrivons, nous arrivons ! » En effet, j’avais pu voir qu’il ne manquait plus que six kilomètres.
La sortie en voiture vers le cabinet a été douloureuse, autrement dit : martyre pour le corps, agonie pour l’âme; il me semblait que j’allais mourir.
Avant d’entrer dans la salle des consultations, j’ai dit à celui qui me portait dans ses bras : « — Posez-moi, posez-moi, même si c’est sur le carrelage ! » À ce même moment le médecin est arrivé et il me fit coucher sur un brancard, où je suis restée en attendant la visite. Quelques instants avant que je ne rentre dans le cabinet, Jésus m’a libérée de l’agonie de l’âme, ne me laissant que les souffrances physiques, afin que je puisse mieux résister.
L’examen a été assez long et douloureux. Pendant que je me déshabillais, quelqu’un m’a dit de ne pas m’affliger. Moi, me souvenant ce que l’on avait fait à Jésus, j’ai dit : « — Même Jésus a été déshabillé. » Et je n’ai pensé à rien d’autre. Le docteur Gomes de Araujo, même si un peu brusque, a été prudent et attentionné.
Pendant le retour à la maison, Jésus a exercé sur moi son action divine, afin que je résiste au voyage, mais il m’a laissée de nouveau l’âme angoissée. Arrivés à Ribeirão je suis allée me reposer chez le docteur Azevedo afin d’attendre la nuit et de pouvoir rentrer au village sans que nul ne s’en rende compte.
Que ce soit dans l’une comme dans l’autre maison, j’ai été traitée avec beaucoup d’attentions, mais nul ne parvenait à me réconforter, alors même que je souriais pour cacher le plus possible ma douleur. Il faisait déjà nuit quand nous avons repris le voyage. Tout m’invitait à un silence de plus en plus profond. J’étais indifférente à tout. Pendant le trajet, je n’ai rien vu d’autre que les fleurs du jardin de Famalicão parce que quelqu’un me les avaient signalées. Nous sommes arrivés à la maison à minuit, obtenant ainsi, que personne ne se soit rendu compte de notre absence.
Après ce voyage, mes souffrances physiques ont assez augmenté. Tout ce que je devais souffrir le jour du voyage, Notre Seigneur me l’a gardé pour le lendemain, allant de plus en plus mal. »
[4]

[1] L’un des plus grands neurologues du Portugal.
[2] Monsieur Antonio Sampaio de Trofa.
[3] Sauf pendant les extases de la Passion, où elle n’avait pas besoin d’aide pour accomplir tous les gestes et déplacements.
[4] Autobiographie.

samedi 20 septembre 2008

ALEXANDRINA ET SATAN

La fureur de Satan

Si le monde savait combien sont terribles les pièges du démon ! O combien je souffre de ses assauts ! Si seulement le monde savait ce que c'est que l'enfer, ce que c'est que la perversité et la fureur de Satan, probablement qu'il ne pécherait pas autant ! [1]
Cette nuit il s'est déchaîné contre moi. On dirait qu'il voulait tout détruire. Méchancetés, paroles et gestes inconvenants. Mon corps paraissait déjà anéanti par tant de fatigue...
— Je ne veux pas commettre de péché, mon Jésus. L'enfer plutôt que le plaisir. Ce que je veux, mon Jésus, c'est ne pas perdre un seul instant de consolation et de réparation pour Vous et pour le salut des âmes...
Ces paroles ont suffi à faire enrager davantage le démon...
Toutefois, il est parti quand il a entendu la voix de Jésus qui me disait :
— Si tu pouvais voir, ma fille, combien je suis offensé à cette heure-ci contre la vertu de pureté, tu mourrais d'horreur et de douleur. Mais ta réparation me fait oublier bien des offenses. Cette consolation je ne peux l'avoir que d'une vierge à la pureté angélique !... (...)
— Me voici prête à tout, Seigneur !...
La pureté est la vertu que j’aime le plus et pour la défense de laquelle je souffre davantage : ce, est que par votre grâce et votre miséricorde que je ne vous offense pas gravement... [2]
[Le démon dit un jour à Alexandrina] :
— Donne-toi à moi, comme tu t'es donnée à Dieu ; embrasse-moi avec amour comme tu as embrassé le crucifix. Remarque que moi je ne te fais pas souffrir, moi... et figure-toi que Dieu n'a pas de Ciel à te donner. Jouis avec moi, jouis des plaisirs de ce monde.
Il m’empêchait d'invoquer Jésus. Il se plaçait entre moi et Lui, afin que je ne L'entende pas et de surcroît, il dansait devant moi. Il me donnait ses ordres criminels et, vu que je ne cédais pas, il redoublait de fureur et je sentais comme s'il me tordait et me broyait complètement. Mon corps semblait être brisé par lui. Il ne s'agissait en fait que de sensations, étant donné qu'il ne s'approchait jamais de moi au point de me toucher. Les battements de mon cœur se chevauchaient, battaient la chamade.
Après la lutte, certaines fois, je sens comme une brise qui me rafraîchit et me remet en place tout à fait. Cette nuit il en a été de même. Tombée sur le côté, sur les coussins, et sans pouvoir me relever ni même faire le moindre mouvement, je ne résistais plus dans cette position.
Très triste, je répétais :
— Secourez-moi, secourez-moi, Jésus !
J’ai senti Jésus à côté de moi :
— Ma fille, amour de l’Amour, mon divin souffle suffit pour te relever et même à te remettre à ta place.
J’ai senti le souffle de Jésus et, au même moment, je me suis retrouvée sur les coussins.
Jésus a continué :
— Dis-moi, ma fille, que veux-tu de moi ?
— Votre amour !
— Que veux-tu que je fasse ?
— Votre divine volonté.
Jésus m’a serré doucement contre son divin Cœur et a ajouté :
— Ma volonté est que tu aies du courage dans les souffrances que je te demande et que tu répares de cette façon. Répare, répare, ma vierge pure, vierge remplie d’amour pour moi.
Peu après je me suis endormie pour un léger et bref sommeil.[3]


[1] Alexandrina vécut, mystiquement, les peines des damnés.
[2] Journal du 8 janvier 1945
[3] Journal du 11 janvier 1945

dimanche 14 septembre 2008

SUR LA VIRGINITÉ DE MARIE II

Sur la virginité de Marie
(suite)



Un autre exemple : Au chapitre 29 de la Genèse, verset 15, Laban appelle Jacob son frère : « Alors Laban dit à Jacob : “Parce que tu es mon frère, vas-tu me servir pour rien ? Indique-moi quel doit être ton salaire” ». Par contre, quand lit au chapitre 29, le verset 13, on s’aperçoit qu’en réalité Jacob est le neveu de Laban.
Il est possible de trouver encore bien d’autres exemples qui démontrent cette ambigüité de la langue hébraïque, comme par exemple dans le Lévitique, chapitre 10, verset 4 ; Chroniques, chapitre 23 et verset 22.
Dès lors il nous est plus facile de comprendre et de vraiment le croire, que les soi-disant “frères de Jésus”, ne sont en réalité que ses parents, ses cousins.
Nous n’avons pas encore épuisé toutes les difficultés sur ce sujet particulier. Il nous en reste encore quelques-unes que nous allons détailler, progressivement, avec l’aide de l’Esprit Saint.
Dans l’Évangile selon saint Luc, au chapitre 2, verset 7, il est dit que Jésus est le “premier-né”, ce qui laisse à penser que Marie aurait eu d’autres enfants : « Elle enfanta son fils premier-né ».
Penser que cette expression signifie que Marie aurait eu d’autres enfants, c’est se mettre dans l’erreur et faire montre d’une certaine méconnaissance des termes hébraïques, comme ci-dessus. En effet, cette expression est un terme juridique de la Bible qui désigne en effet le premier-né, qu’il y ait ou pas d’autres enfants par la suite.
Il faut savoir que la Bible affirme que tout premier-né appartient d’une façon toute particulière au Seigneur (Cf. Ex. 13, 12 et 34, 19) et que celui-ci doit, pendant les premiers mois de sa vie, être soumis à la loi du rachat telle qu’expliquée dans le Livres de Nombres, au chapitre 18, verset 16. Il n’était pas question d’attendre le deuxième enfant pour attribuer à son devancier le titre de premier-né qu’il garderait toute sa vie durant.
Un exemple pourra aider à mieux comprendre cet état de fait :
Tout récemment les archéologues ont fait la découverte d’une sépulture juive datant du premier siècle, dont la pierre tombale portait l’inscription suivante : “Ci-gît Arsinoé, morte en accouchant de son premier-né”. Elle n’en aura pas d’autres, car elle est morte en couches, et pourtant il est bien écrit sur sa tombe qu’elle est morte en mettant au monde son “premier-né”.
Une autre difficulté apparente se trouve en Matthieu 1, 25, où il est dit : « et il ne la connut pas jusqu'au jour où elle enfanta un fils ». Cela pourrait vouloir dire, quand on ne connaît pas les méandres et les nuances de la langue hébraïque, que Marie n’aurait pas connu Joseph avant le mariage, mais qu’Elle l’aurait connu après la naissance de Jésus.
Le manque de connaissance des langues dans lesquelles les évangiles — et une grande partie des autres textes de l’époque — ont été écrits, est une source d’erreur notable. En effet, sans que (jusqu’à ce que) l’on ait une connaissance approfondie de ces langues, la compréhension des textes reste imparfaite.
Sait-on seulement que les Évangiles ont été écrits en grec et araméen. Une vraie et solide connaissance de l’hébreux, du grec et de l’araméen est donc nécessaire pour une interprétation correcte des textes sacrés, voila pourquoi les traductions dignes de foi sont rares.
L’expression “jusqu’à ce que” est un hébraïsme qui signifie “sans que”. Dès lors cela veut dire que Marie enfanta “sans que” Joseph l’ait connue et que par conséquent Jésus n’est pas le fils de Joseph, mais le Fils de Dieu.
Voyons un exemple dans le Livre des Psaumes : « Son cœur est inébranlable, il ne craint pas, jusqu'à ce qu'il voie ses ennemis abattus ». Remplaçons ici l’hébraïsme “jusqu’à ce que” par “sans que”, et nous aurons compris la nuance importante : « Son cœur est inébranlable, il ne craint pas, “sans qu”’il voie ses ennemis abattus ».
Ceci signifie que s’il n’a pas craint avant, il ne craindra pas non plus après. Et, revenant à saint Matthieu et à son hébraïsme, nous pourrions corriger en disant qu’« il ne la connut pas “sans qu’elle” ait enfanté un fils » ; autrement dit, il ne la connut ni avant ni après la naissance de Jésus.
Afin que tout doute sur ce que nous venons d’affirmer puisse être levé, nous vous invitons à vérifier vous-mêmes d’autres exemples typiques de ces hébraïsmes si fréquents dans les Évangiles.
Deutéronome 7, 24 ; Sagesse, 10, 14 ; Psaume 56 (57), 2 ; Isaïe 22, 14 et encore saint Matthieu 5, 18.
Quand nous avons vérifié toutes ces preuves qui toutes confirment la virginité de notre Mère du Ciel, il nous paraît invraisemblable que de nos jours il y ait encore des croyants ― et même des catholiques ― qui doutent de cette prérogative de Marie.
Nous ne pensons pas qu’il s’agisse de mauvaise foi ― la charité chrétienne nous interdit tout jugement téméraire ― mais tout simplement d’un manque de connaissances bibliques et même linguistiques. En tout cas, pour ce qui nous concerne, nous sommes absolument certains que Marie n’est pas “une femme comme les autres”, mais bien la Mère de Jésus, la Mère de Dieu et notre Mère.
Ne soyons pas, ni les uns ni les autres de pauvres aveugles obstinés, car il est bien vrai que les pires aveugles ce sont ceux qui ne veulent pas voir.
Cette vérité que l’Église catholique défend depuis des siècles, n’est pas une “invention” des prêtres “dévots” ou des Papes “mystiques”, mais une vérité qui implique la Sagesse et la Miséricorde divines dont l’Amour n’a d’égale que la Trinité Elle-même.
Méditons et gardons comme devise perpétuelle cette exclamation de saint Irénée de Lyon ― qui fut disciple de saint Polycarpe, lequel avait connu l’apôtre Jean ― : « Qui donc, à une quelconque période, a osé prononcer le nom de Marie sans y adjoindre le qualificatif de Vierge ? » (Adv. Haeres.)
Pour conclure notre humble travail, nous rappellerons donc que “Joseph, le Charpentier” n’a pas connu Marie ni avant ni après la naissance de son “premier-né” ; que Jésus seul est Fils de Marie ; que Jacques, Joset, Jude et Simon ne sont pas les “frères du Seigneur” mais ses cousins ou parents.
« L'argument décisif de la virginité perpétuelle de Marie ― nous dit un ami très cher et prêtre de surcroît ―, c'est Jésus qui nous le donne quand il dit sur la croix : “Femme, voici ton fils”. En effet, si Jésus avait d'autres “frères”, Il ne confierait pas Marie à Jean, ni Jean n'aurait “pris Marie chez lui”, car les frères de Jésus s'en seraient normalement chargés ».
Notre souhait le plus sincère c’est que ces quelques lignes puissent aider ceux qui auraient encore des doutes sur cette partie difficile des Saintes Écritures, et rendent à Marie l’honneur qui lui est dû.


Alphonse Rocha

mardi 9 septembre 2008

SUR LA VIRGINITÉ DE MARIE I

PREMIERE PARTIE


Comment expliquer un mystère ?

Il n’est pas toujours facile d’argumenter sur les difficultés que nous rencontrons dans la Bible en général et, plus particulièrement dans les livres du Nouveau Testament ; parmi ces difficultés il y a celle de la virginité perpétuelle de Marie après avoir enfanté Jésus, notre Sauveur, “Dieu avec nous”.
La démarche que nous allons entreprendre est donc périlleuse, mais nous comptons sur la bonté de l’Esprit Saint et sur ses divines lumières.
Certains affirment, à qui veut les entendre que “Marie est une femme comme les autres” et qu’après avoir mis au monde le Seigneur Jésus, Elle eut d’autres enfants.
C’est aller vite en besogne, si nous pouvons nous exprimer ainsi, ou méconnaître la Bible elle-même.
Voyons un peu ce que nous pouvons en dire :
Au chapitre 7, verset 14, du Livre d’Isaïe, le prophète dit, sous l’inspiration divine : « Voici qu’une Vierge concevra, et enfantera un fils, et on lui donnera le nom d'Emmanuel. »
Le prophète désigne cet événement — “Une vierge concevra et enfantera” — comme un prodigieux signe de Dieu. Ne serait-ce pas le signe du temps si désiré de la Rédemption, le signe de la venue du Sauveur, l’Emmanuel, Dieu avec nous ? Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement ? En effet, cet événement n’aurait aucun intérêt, ne serait pas un “signe” merveilleux si la vierge en question, après avoir accouché, cessait d’être vierge. C’est une évidence !
Nous devons donc admettre que le grand signe serait qu’une Vierge concevrait et enfanterait, tout en restant vierge. Bien : Marie est la Mère de Jésus Sauveur. Dès lors elle est la Vierge annoncée par Isaïe, elle est la Vierge qui a conçu et enfanté tout en restant vierge : « concevra et enfantera », affirme Isaïe.
Le sens de cette prophétie d’Isaïe est confirmé dans l’Évangile de Matthieu au chapitre 1, verset 18 et suivants : « Marie, sa mère, était fiancée à Joseph : or, avant qu'ils eussent mené vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit Saint. Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit. Alors qu'il avait formé ce dessein, voici que l'Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : “Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus : car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.” Or tout ceci advint pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur : Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on l'appellera du nom d'Emmanuel, ce qui se traduit : “Dieu avec nous.” »
Voici donc que la prophétie d’Isaïe commençait à se réaliser : un grand signe annonçait l’arrivée du Sauveur : la Vierge conçut et enfanta par le fait de l'Esprit Saint, et tout en restant vierge ; “et le nom de la Vierge était Marie”.
Dans une délicate description, saint Luc nous persuade que Marie conserva l’intégrité virginale lors de la naissance de Jésus. Regardons au chapitre 2 de son Évangile, versets 6 et 7 : « Or il advint, comme ils étaient là (à Bethléem), que les jours furent accomplis où elle devait enfanter. Elle enfanta son fils premier-né, l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu'ils manquaient de place dans la salle. »
Il faut remarquer ici que Marie n’étant pas soumise au péché, par une grâce spéciale de Dieu, ne fut pas non plus soumise aux douleurs de l’enfantement, comme toutes les autres femmes et ce fut donc elle-même qui prodigua les premières caresses et s’occupa d’emmailloter le nouveau-né, “son fils premier-né”. Il est certain que saint Luc n’aurait pas expliqué la naissance de Jésus comme il l’a fait si Marie avait donné le jour à son Fils, comme toutes les autres mamans.
Pour fonder notre affirmation, nous allons nous souvenir d’une objection faite par Marie Elle-même à l’ange Gabriel quand celui-ci lui annonça qu’elle serait la Mère du Sauveur : « “Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme?” (Lc. 1, 34)
Or, il nous faut convenir qu’en cette période de sa vie, Marie, « était fiancée à Joseph ». L’objection de Marie à l’ange Gabriel n’aurait donc pas de sens si Celle-ci, par un acte d’offrande totale à Dieu ne s’était ainsi consacrée à Lui par un acte volontaire de virginité perpétuelle et si celui-ci n’avait été accepté par Joseph lui-même. Sinon l’Ange aurait dit : “Tu n’as pas connu d’homme jusqu’ici, mais tu en connaîtras un par la suite”. En effet, quel sens pouvait avoir l’objection de Marie si elle avait eu l’intention de mener avec son Fiancé une vie normale de couple ?
Cela n’aurait pas de sens, avouons-le.
N’est-il pas également légitime de penser que le Fils unique de Dieu soit aussi le Fils unique de Marie ?
Voici une affirmation qui nous mène tout droit vers une autre objection courante : les frères de Jésus, dont les Évangiles parlent, à savoir : Jacques, Joset, Judas et Simon.
En effet, dans l’Évangile selon saint Marc, au chapitre 6, verset 3, nous lisons : « Celui-là n'est-il pas le Charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joset, de Jude et de Simon? »
La Bible doit être lue avec une grande attention et beaucoup d’humilité, sans arrière pensée, car en la lisant attentivement, nous constatons que trois de ces “frères” de Jésus ont des parents que les Évangiles nomment et ces parents ne sont ni Joseph ni Marie, la Mère de Jésus.
Comment cela ?
Simple et clair. Commençons par Jacques. Dans son épître aux Galates, chapitre 1, verset 19, saint Paul écrit : « Je n'ai pas vu d'autre apôtre, mais seulement Jacques, le frère du Seigneur ». Or ce Jacques dont il parle, c’est Jacques le Mineur, dont la mère est une des femmes appelée Marie, qui était au Calvaire lors de la mort de Jésus et dont saint Marc fait mention au chapitre 15, verset 40 : « Il y avait aussi des femmes qui regardaient à distance, entre autres Marie de Magdala, Marie mère de Jacques le petit et de Joset ».
On sait que le père de Jacques le Mineur s’appelait Alphée, car saint Mathieu l’affirme au chapitre 10, verset 3 de son Évangile. Donc Jacques le mineur a un père et une mère, mais ceux-ci ne sont ni Marie ni Joseph. Autrement dit : Jacques n’est pas le frère de Jésus. Par contre, il est certain qu’il est le frère de Joset et que tous deux sont fils d’une femme appelée Marie qui se trouvait au Calvaire avec Jésus et d’un homme appelé Alphée, selon la citation rapportée ci-dessus. Cela nous mène également à affirmer que Joset n’est pas non plus frère de Jésus.
Un autre doute s’évanouit quand nous lisons l’épitre de Jude. Il commence ainsi sa Lettre : « Jude, serviteur de Jésus Christ, frère de Jacques ». Donc son père est aussi Alphée. Il ne peut pas être, par conséquent frère de Jésus.
Il nous reste encore un problème à résoudre en ci qui concerne les “frères de Jésus”, celui de Simon.
Les Évangiles, il est vrai, ne rapportent pas les noms des parents de Simon, mais on peut légitimement penser que si les trois autres ne sont pas “frères de Jésus”, il n’y a aucune raison pour que Simon le soit.
Un historien du IIe siècle, Hégésippe, nous informe que Simon était fils de Cléophas, époux de Marie, celle dont saint Jean, dans son Évangile (19, 25) affirme être “sœur de la Mère de Jésus”. Donc cela voudrait dire que Simon était cousin de Jésus et en aucun cas son “frère”.
Tous ces arguments nous mènent à une conclusion qui nous semble logique : aucun de ces hommes n’était fils de Marie, la Mère de Jésus, d’autant plus que dans les Évangiles un seul est appelé fils de Marie : Jésus, comme il est rapporté dans l’Évangile de saint Marc au chapitre 6, verset 3 : « Celui-là n'est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? »
Au contraire de ce que l’on pourrait penser, les Évangiles et les Lettres ne nous induisent pas en erreur, c’est nous qui par méconnaissance des langues d’alors et mal informés, nous laissons ainsi berner, quelquefois.
Voyons un peu…
Le terme “frère” (ah, en hébreux ; adelphós, en grec) désigne dans le langage des hébreux non seulement les enfants du même père ou de la même mère (comme Caim et Abel, Ésaü et Jacob, saint Jacques le Majeur et saint Jean l’évangéliste), mais aussi un familier ou parent proche, comme par exemple oncles, et neveux, car l’hébreux ne possède pas des termes propres pour désigner ces degrés de parenté. La Bible est remplie d’exemples de l’emploi du mot “frère”, compris dans ce deuxième sens. Voici, par exemple, dans la Genèse, au chapitre 13, verset 8 : Abraham appelle Lot son frère : « Aussi Abram dit-il à Lot : “Qu'il n'y ait pas discorde entre moi et toi, entre mes pâtres et les tiens, car nous sommes des frères!” » Mais, nous savons, toujours d’après la Genèse (11, 28 et 12, 5) que Lot n’est pas frère d’Abraham, mais son neveu.


Alphonse Rocha

(A suivre)

samedi 28 juin 2008

STATISTIQUES

-------
Statistiques partielles

L’affluence des visiteurs sur le “vieux” site de la Bienheureuse Alexandrina de Balasar est vraiment encourageante. En effet, jusqu’au 23 du courent mois de juin vous avez été 4 400 à vous y rendre et plus de 9 000 pages ont été consultées.
Aux quatre premières places du classement par pays, nous trouvons :

France : 24%
Brésil : 21%
Portugal : 21%
Etats-Unis : 18%

Nous pensons que jusqu’à la fin du mois ces chiffres vont évoluer, mais nous sommes heureux de vous les annoncer, car ils sont vraiment très encourageants et nous vous remercions de votre fidélité.
Les 18% des États-Unis sont vraiment une agréable surprise!...
Votre fidélité nous oblige également à redoubler d’efforts pour vous donner toujours le meilleur de nous-mêmes.
Soyez donc remerciés et que la Bienheureuse Alexandrina vous obtienne du Seigneur les grâces que vous souhaitez du plus profond de vos cœurs.
Le Webmaster.

mercredi 25 juin 2008

LETTRES A UN AMI - 1



Alexandrina de Balasar

Mon ami,
Tu me demandes, de te parler d’Alexandrina de Balasar ou plus exactement Alexandrina Maria da Costa.
Selon ce que tu mes dis, dans ta région vivent bon nombre de portugais dont une grande partie garde une foi intacte et même militante. En les côtoyant, tu aurais, toujours selon toi, entendu parler de cette personne que tu connais mal, car les renseignements que tu as sur elle sont très succincts.
Alexandrina est ce que l’on pourrait appeler “une âme d’exception” ou encore une “âme-victime” dont la mission première a été celle de veiller sur tous les tabernacles du monde, si délaissés par les fidèles qui ont un peu oublié que Jésus s’y trouve Vivant et Vrai.
Mais, mon ami, je dois te prévenir que je ne pourrai pas résumer sa vie en une seule lettre, car sa vie et son parcours spirituel sont exceptionnels : j’ai peur qu’en faisant court, tu n’apprennes pas grand’chose de sa vie et de ss spiritualité, ainsi que de sa mission au sein de l’Église.
Elle est né à Balasar, petit village du nord du Portugal, entre Braga ― son diocèse ― et Porto, le mercredi 30 mars 1904. Elle fut baptisée le 2 avril suivant qui était samedi saint, cette année-là.
Plusieurs faits importants dans la bien d’Alexandrina se sont passés d’ailleurs pendant la semaine sainte…
Mais avant de te perler d’elle je vais rapidement te présenter sa famille : sa mère et sa sœur.
Sa mère
Elle est la deuxième fille de Maria Ana da Costa, jeune femme célibataire qui s’était laissée convaincre par un homme peu scrupuleux qui lui promettait le mariage mais qui, après lui avoir fait deux enfants ― Deolinda et Alexandrina ― se maria avec une autre, la laissant seule élever ses deux filles.
Se voyant trompée, Maria Ana prit un autre tournant dans sa vie et est devenue un exemple pour son village. En effet, une conversion complète s’opéra en elle et les villageois l’ont vue dès lors assister non seulement aux messes dominicales mais aussi aux messes quotidiennes. Elle s’est chargée du fleurissement des autels, finissant même par avoir les clefs de l’église paroissiale, pour mieux remplir sa tache.
Ce fut alors qu’elle déménagea de Gresufes, lieu-dit à environ un kilomètre de l’Église et vint habiter un autre lieu-dit, près de l’église et porte un nom prédestiné : Calvaire.
Dotée d’un mâle caractère, après avoir assisté à la messe matinale, elle s’en allait dans les champs ou de durs travaux l’attendait ; elle gagnait ainsi son “pain quotidien” et de quoi nourrir ses filles auxquelles elle dispensait une doctrine exemplaire, aux dire de ceux qui l’ont connue.
Deolinda
La sœur aînée d’Alexandrina, après sa scolarisation apprit le métier de couturière et confectionnait, pour les gens du village et villages voisins, des chemises, des pantalons et autres habits, ainsi que tous autres genres de travaux inhérents à la couture.
Elle était d’une extrême délicatesse et d’une grande sagesse. Sa vie durant ― elle ne s’est jamais mariée ― elle s’occupa de sa jeune sœur et devint même plus tard sa “secrétaire”. Le Père Mariano Pinho, premier Directeur spirituel d’Alexandrina ― ainsi que de Deolinda ― avoua un jour qu’il ne savait laquelle des deux était la plus sainte.
Alexandrina : premières années
Alexandrina et sa sœur, lorsque que l’âge scolaire arriva, ont été envoyées par leur mère dans la ville voisine de Póvoa de Varzim, chez des amis qui les hébergèrent pendant dix-huit mois.
Deolinda qui avait déjà quelques connaissances, y appris à lire et à écrire, et y obtint même son seul diplôme de troisième classe. Quant à Alexandrina, elle n’y appris pas grand’chose, car la nostalgie de sa mère et l’envie de revenir à Balasar finirent par avoir raison de la décision maternelle.
Dès qu’elle eut douze ans, elle accompagna sa mère dans les champs où son courage faisait l’admiration de tous : elle finit même par gagner autant que sa mère, c’est-à-dire autant que grande personne.
Ce fut pendant ces temps de travaux qu’un premier incident eut lieu : elle tomba en bas d’un arbre alors qu’elle coupait des branches pour donner à manger aux vaches du propriétaire. Elle eut très mal et dût rester alitée quelques jours.
Sa mère la plaça ensuite chez un voisin, un homme exécrable et méchant qui jouera un rôle très important et déterminant dans la vie de la jeune fille.
Maria Ana lui imposa quelques obligations, dont celle de laisser Alexandrina assister à la Messe tous les dimanches.
Le cultivateur essaya de respecter cet engagement, mais il était libertin, trop libertin et, un jour, vers la fin de l’après-midi il demanda à Alexandrina de surveiller une paire de bœufs pendant que lui il allait à Póvoa de Varzim, pour une affaire, dit-il. La jeune fille accepta, bien entendu… Mais le temps passait et la peur s’installait… Ce ne fut que très tard dans la nuit que son patron est revenu un peu éméché et la gratifia dès son arrivée de quelques mots moins dignes, dont il avait l’habitude. Il venait de passer une partie de la nuit “en bonne compagnie”.
Alexandrina raconta cela à sa mère qui n’hésita pas une seule seconde à retirer sa fille de chez un homme aussi brutal et mal élevé.
La jeune fille devait avoir alors 13 ou 14 ans.


***


Mon ami, je continuerai mon exposé de cette vie extraordinaire, dans une prochaine lettre.
Ton ami dévoué.

A.

samedi 7 juin 2008

LETTRE A ALEXANDRINA DA COSTA

Quelque part, le 3 mars 2008

Chère Alexandrina,

Quand je lis tes écrits, ton “Journal spirituel”, il me vient une grande envie de t’imiter, mais je me rends compte que je suis bien loin, trop loin de toi, pour vraiment pouvoir chercher à t’imiter.
Mon quotidien n’est qu’une rivière remplie de détritus, d’immondices, de péché : ma misère est plus grande que moi et me submerge.
Que peux-tu faire pour moi ? Comment peux-tu m’aider ? N’as-tu pas pitié de moi, moi qui suis ton petit frère ?
Ô petite sœur, aide-moi ! Aide-moi à fuir le péché et l’occasion de pécher, afin que je marche vers le Seigneur comme toi qui, malgré tant de souffrances, as si bien su le faire.
Ma petite sœur, regarde comme je suis misérable et digne de pitié !
Tu as souffert pour les pécheurs les plus invétérés : est-ce que je faisais déjà partie de ce nombre ?
As-tu souffert pour moi alors que je ne te connaissais même pas ?
Je pense que oui et, je veux te remercier et mon merci ce sera donc de chercher à imiter tes vertus. Mais, même pour cela j’ai besoin de ton aide, car je suis vraiment misérable et trop faible… Ma volonté est comme une éponge : quand elle est pleine d’eau, elle est réconfortée, mais dès que l’eau s’en va, elle se dessèche et devient raide, incapable du moindre mouvement…
Ma petite sœur, je t’écris là, en ce moment… et je ne sais même pas pourquoi je le fais… mais je le fais comme si j’obéissais à une impulsion… Si c’est toi qui me l’inspire, soit remerciée et remercie pour moi le Seigneur qui se sert de toi une fois encore pour me prévenir que je dois rebrousser chemin…
Ce mot “rebrousser”, tu le connais bien : tu l’as entendu souvent de la bouche même de Jésus et toi-même tu l’as prononcé bien souvent à l’adresse de ceux de nos frères qui te visitaient…
Tu sais que je t’aime d’un amour particulier, car je ne me sens bien ― à part quelques fois où l’autre me tire par les pieds ― je ne me sens bien, disais-je, que quand je lis ou traduis tes textes ou quand je parle de toi ou écris sur toi…
Mais, ne serait-ce là encore une “façade”, un arbre qui cache une immense forêt, celle de mon âme qui est triste à en mourir, qui ne sait plus quoi faire, qui se ne sait plus “à quel saint se vouer” ?
Petite sœur du Ciel, aide-moi à vivre en Jésus, de Jésus et pour Jésus, comme toi-même tu l’as si bien fait. Aide-moi à me laver de toute cette gangue qui submerge mon âme, afin que devenu “propre”, je puisse me présenter devant le Seigneur, plein de joie et le cœur plein d’amour…
Comme toi j’ai envie de dire : “Jésus, je ne sais pas combien je vous aime, je ne sais pas comment je vous aime, mais je sais que je veux vous aimer”.
Alexandrina Maria, ma petite sœur du Ciel, prie Jésus pour moi !

Je ne signe pas, mais tu sais qui je suis...

dimanche 13 janvier 2008

MOUVEMENT MONDIAL

Pour la sanctification du clergé
Le Cardinal brésilien Claudio Hummes, ancien archevêque de São Paulo au Brésil ― présenté par la presse, lors du dernier conclave comme un “papabile” progressiste ― vient de lancer un mouvement, à l’échelle mondiale, qui n’a rien de progressiste, mais qui s’intègre dans la plus pure tradition de l’Église universelle : l’adoration perpétuelle de la Très Sainte Eucharistie et la “maternité spirituelle” pour la sanctification du clergé.
Si c’est cela être “progressiste”, nous voulons l’être, nous aussi !...
Notre site, “La nouvelle évangélisation” ne doit pas, et ne peut pas rester absent de ce “mouvement mondial”, car sa vocation même l’incite à y participer à l’aide des moyens qui sont les siens et l’aide généreuse et indéfectible de tous nous visiteurs.
Nous vous invitons dès maintenant à y participer activement, car il y va du salut des âmes et de l’augmentation des vocations sacerdotales et religieuses dont l’Église a tant besoin.
Priez et faites prier votre famille, vos amis, vos connaissances et, priez en union avec tous ceux qui habituellement nous demandent de prier pour eux.
Nous avons placé un “lieu de prière” sur notre site et, dans ce même lieu de prière une “chapelle virtuelle” consacrée au Saint-Sacrement.
Si vous ne pouvez pas vous déplacer dans une église ou dans une chapelle ou le Seigneur est exposé à l’adoration des fidèles, ouvrez notre chapelle virtuelle, unissez-vous de cœur et d’esprit à tous ceux qui à cette même heure prient devant le tabernacle et priez vous aussi.
Sachez que vous pouvez nous faire parvenir vos intentions de prière, intentions qui seront offertes au Seigneur tous les 13 de chaque mois, lors de la célébration d’une messe que nous ferons célébrer à cet effet. Cette décision prend effet dès le 13 janvier 2008. La messe sera célébrée par l’un de nos plus anciens et plus fidèle visiteur, l’abbé André Lejeune.
Sur notre site, dans les pages consacrées à la Congrégation pour le Clergé, vous pouvez consulter les textes officiels sur cette initiative.
Maintenant, nous vous laissons découvrir, ci-après, les explications concernant ce “mouvement mondial”, qui nous ont été transmises par Zénit, l’Agence informative du Vatican (ZENIT.org).
Le Webmaster
*****
  • Mouvement mondial

Il (le mouvement mondial) invite à ouvrir ce qu'il appelle des « cénacles eucharistiques », et à susciter un grand mouvement de prière pour tous les prêtres et pour leur sanctification : « Il y a en effet tant de choses à faire, explique-t-il, pour le vrai bien du clergé et la fécondité du ministère pastoral dans le monde d'aujourd'hui. Mais la conscience que l'agir est la conséquence de l'être et que l'âme de chaque apostolat c'est l'intimité avec Dieu, nous a conduits à promouvoir de façon urgente une grande adoration eucharistique, si possible perpétuelle ».
L'urgence vient, souligne-t-il, de la particulière « gravité » de certains péchés, tout en rappelant que c'est une « partie minime du clergé » qui est impliquée dans ces graves situations : « Ce n'est pas même un pour cent d'entre eux qui a des problèmes de conduite morale et sexuelle. La très grande majorité n'a rien à voir avec des faits de ce genre. Mais tous les prêtres ont de toute façon besoin d'une aide spirituelle pour continuer à vivre leur vocation et leur mission dans le monde d'aujourd'hui. Et puis l'Église a toujours prié pour la réparation des péchés de tous : c'est là, par exemple l'une des caractéristiques de la traditionnelle dévotion au Sacré Cœur ».

  • Des cénacles dans tous les diocèses

Le cardinal Hummes propose deux choses distinctes : « L'adoration eucharistique perpétuelle, si l'on y arrive, et la maternité spirituelle pour les prêtres. Même si ce sont deux réalités distinctes, souvent, elles s'unissent précisément dans l'adoration eucharistique ».
Aux évêques, le cardinal Hummes propose de « promouvoir dans les diocèses de véritables ‘cénacles' dans lesquels consacrés et laïcs se consacrent, unis et en esprit de vraie communion, dans la prière, sous la forme de l'adoration eucharistique continuelle. Et aussi dans un esprit de réparation authentique et de purification, avec l'intercession de la Mère de Dieu. C'est à partir du rôle joué par Marie dans l'histoire du salut que l'on entend, et de façon toute particulière, lui confier tous les prêtres, en suscitant dans l'Église ce mouvement de prière qui place au centre l'adoration eucharistique continuelle de vingt-quatre heures, de façon à ce que, de tous les coins du monde, s'élève toujours vers Dieu une prière d'adoration, d'action de grâce, de louange, de demande et de réparation. Une prière incessante pour susciter un nombre suffisant de saintes vocations au sacerdoce, et, en même temps, pour accompagner spirituellement avec une sorte de maternité spirituelle, ceux qui ont déjà été appelés au sacerdoce ».

  • Un climat eucharistique pour la formation des prêtres

Le cardinal Hummes souligne que l'eucharistie est en effet « le centre même de la vie de l'Église, son sommet » : « Le Saint-Sacrement est adoré dans tous les tabernacles des églises du monde. Les gens reconnaissent que Jésus est réellement présent et que l'on peut le rencontrer de façon directe. Le sacrement de l'eucharistie a un rapport total avec le prêtre qui est ordonné avant tout pour le célébrer. Le sacerdoce naît à la Dernière Cène, justement avec l'institution de l'Eucharistie, lorsque Jésus dit : “Faites ceci en mémoire de moi”. Ainsi, faire l'adoration eucharistique en faveur des prêtres rappelle la nature même du sacerdoce ».
Le cardinal Hummes suggère que dans chaque diocèse un prêtre soit chargé de « se consacrer à plein temps au ministère spécifique de promouvoir l'adoration eucharistique », et la création de « sanctuaires eucharistiques », ainsi que la recherche de lieux spécifiques réservés à l'adoration eucharistique perpétuelle.
Il souligne en outre l'importance que toutes les initiatives pour la formation du clergé soit « imprégnées d'un climat eucharistique ».
Il suggère en outre d'impliquer dans l'adoration « toutes les forces vives » de l'Église, « à partir des enfants qui se préparent à la première communion ».

  • La maternité spirituelle

Mais le cardinal Hummes souligne aussi, en des termes qui rappellent la vocation de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, qu'à l'exemple de Marie, « les âmes féminines consacrées peuvent adopter spirituellement des prêtres et les aider, par l'offrande, la prière, et la pénitence ».
« Cette initiative permet de prendre toujours plus conscience, explique-t-il, du lien ontologique entre eucharistie et sacerdoce, et de la maternité spéciale de Marie vis-à-vis de tous les prêtres ».
« La vocation à être mère spirituelle pour les prêtres est trop peu connue, insiste le cardinal Hummes, trop peu comprise, et pour cela trop peu vécue, en dépit de son importance vitale et fondamentale. Indépendamment de l'âge et de l'état de vie, toutes les femmes peuvent devenir des mères spirituelles pour un prêtre. Cela vaut particulièrement pour les missionnaires et les religieuses qui offrent toute leur vie à Dieu pour la sanctification de l'humanité. Donc, vivre la maternité spirituelle signifie être des personnes qui prient pour un prêtre spécifique et l'accompagnent ainsi toute la vie. De façon anonyme, normalement. Et ceci, l'histoire nous le dit, porte de grands fruits spirituels pour les prêtres ».

*****
  • Oubli dommageable…
Il est dommage que tout le document “Maternité spirituelle” n’ait pas été traduit en français, car il comporte un certain nombre d’exemples qui mériteraient d’être lus pour l’“édification” ― si je peux m’exprimer ainsi ― de tous et tout particulièrement par les éventuels “candidats” à cette maternité si importante pour le clergé.
En effet, plusieurs noms, et non des moindres, y figurent. Outre sainte Thérèse de Lisieux, il y est fait mention de sainte Monique, la mère de saint Augustin, de la mère du serviteur de Dieu, Jean-Paul II, de Berthe Petit, la grande mystique belge, de la bienheureuse portugaise, Alexandrina Maria da Costa qui fut à l’origine de la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, de la servante de Dieu française, Louise Marguerite Claret de la Touche, de la vénérable Conchita de Mexico, du bienheureux cardinal allemand, Clemens August von Galen, et de bien d’autres encore.
Mais, nous ne désespérons pas de l’avoir…
Si vous connaissez la langue portugaise, vous pouvez visionner ici tout le document et les photos qui l'accompagnent.