mercredi 1 octobre 2008

AUTOBIOGRAPHIE III

Première communion

En janvier 1911, avec ma sœur, nous avons été envoyées à Póvoa de Varzim,[1] afin de pouvoir fréquenter l’école [2]. La pensée de ce que cela m’a coûté de quitter ma famille me répugne. Pendant longtemps, j’ai beaucoup pleuré. Pour me distraire, on me comblait de caresses et on cédait à tous mes caprices. Après un certain temps, je me suis résignée. J’ai, toutefois, continué à être gamine : je m’agrippais derrière les tramways, pour de longs parcours; je traversais la route au moment où ceux-ci démarraient : les conducteurs ont été obligés de se plaindre à ma nourrice. Souvent je m’enfuyais de la maison pour aller sur la plage ramasser les algues: je pénétrais dans l’eau comme les pêcheurs. Ce qui affligeait le plus ma nourrice, c’était que je m’absentais en cachette.
À Póvoa de Varzim j’ai fait ma première communion. Le Père Alvaro Matos m’a examinée sur le catéchisme, m’a confessée et m’a donné la Communion pour la première fois. J’avais alors 7 ans. Comme prix j’ai reçu un beau chapelet et une image pieuse. J’ai communié à genoux et, malgré ma petite taille, j’ai pu fixer la sainte Hostie, de telle manière qu’elle s’est imprimée en mon âme. J’ai cru alors m’unir à Jésus pour ne plus être séparée de Lui. Il a pris possession de mon cœur, ce me semble. La joie que je ressentais était inexprimable. À tous j’annonçais la bonne nouvelle. Ma maîtresse, désormais, me menait chaque jour à la communion.
Ce fut à Vila do Conde,[3] que j’ai reçu, des mains de Son Excellence l’Évêque de Porto,[4] le sacrement de Confirmation. Je me souviens, très bien, de cette cérémonie et de la joie qu’elle m’a procurée. Au moment où je recevais ce sacrement, je ne sais pas bien expliquer ce que j’ai ressenti: on dirait une grâce surnaturelle qui me transformait et qui m’unissait plus profondément à Notre-Seigneur. Je voudrais bien expliquer tout cela, mais je ne le sais pas.
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[1] Cette petite ville balnéaire, se trouve à environ 16 kilomètres de Balasar. Les deux sœurs furent mises en pension chez un menuisier, monsieur Pedro Teixeira Novo, qui demeurait rue da Junqueira. Les deux sœurs fréquentèrent l’école Mónica Cardia, madame Emília de Freitas Alvares ayant été leur institutrice.
[2] Il n’y avait pas à Balasar, à ce temps-là, d’école pour les filles. Il n’existait qu’une école de garçons. En effet, à cette époque, la scolarité était un privilège réservé à quelques-uns, car la plupart des enfants travaillaient dès leur plus jeune âge, dans les champs avec leurs parents. Ce n’est qu’en 1931, qu’une école de filles fut ouverte dans le village.
[3] Petite ville balnéaire, à 3 kilomètres de Póvoa de Varzim.
[4] Monseigneur Antonio Barbosa Leão, duquel Alexandrina conserva une photo jusqu’à sa mort, en souvenir de sa Confirmation.

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