jeudi 23 juin 2011

MOMENTS DE LA PASSION

27 mars 1942

Le vendredi saint, 27 mars 1942, Jésus m’a dit :
— Ne crains pas, ma fille ; tu ne seras plus crucifiée ; la crucifixion que tu souffres est des plus douloureuses que l’histoire a pu enregistrer. [1]

— Ne me dérobez pas vos forces, Jésus, afin que je puisse décrire de la meilleure manière possible ce que j’ai souffert pendant la sainte Passion. Que votre protection et votre amour ne me manquent pas non plus à cette pauvre créature que je suis. Que tout soit pour votre plus grande gloire et pour le salut des âmes.

Mes yeux semblaient ne pas voir l’approximation de la passion. Mon abattement m’épouvantait ; l’abandon dans lequel je me trouvais semblait me conduire à la sépulture. Quel tourment ! Devoir lutter contre un monde sans vie! Votre Vie et votre Amour sont descendus sur moi, j’ai entendu votre Voix, douce et tendre :

— Ma fille, amour de Jésus, courage ! Ne crains pas. Le chemin du calvaire est presque terminé. Allons, viens, traverse les dernières épines : des blessures causées par ces épines sortiront des sources de salut. Les âmes ont besoin de tout. Jésus est heureux de ta crucifixion ; Il trouve en toi toute la réparation que l’on peut trouver sur la terre. Courage ! Jésus, avec sa Mère bénie, nous ne t’abandonnerons jamais.

J’ai cheminé vers le Jardin des Oliviers. Dans un total abandon, je remémorais vos douces paroles, lesquelles, pendant un certain temps, sont restées gravées dans mon cœur. Ensuite, à cause des coups et des mauvais traitements de la part de l’humanité, tout a disparu. Et, dans le Jardin des Oliviers, toute seule, dans un profond silence, dans la plus grande obscurité, moribonde, je cherchais à me cacher pour toujours, comme, si la terre aurait pu m’occulter à la justice du Père éternel.

Mon Dieu, mon Dieu... combien je me sens seule !

Pas la moindre brise ne soufflait. Même les feuilles des oliviers restaient immobiles, bien que les branches se courbassent jusqu’à terre en signe d’adoration.

O douleur, ô agonie de Jésus, ô amour de Jésus pour les âmes !

Mes souffrances, ô Jésus, ne m’appartenaient point ! Elles n’étaient qu’à vous, rien qu’à vous, mon Jésus.

J’ai suivi les étapes de la Passion ; ici et là je tombais écrasée par la souffrance. Très souvent j’ai invoqué : “Jésus, Petite-Maman, donnez-moi de vos forces afin que les miennes se ressourcent”.

Merci, Jésus ! Avec vous j’ai résisté.

Lors de la flagellation, protégée par votre divin Cœur, j’ai vu devant moi les bourreaux tenant en main des fouets pour châtier mon corps. À l’ombre de votre divin amour, je ne les craignais pas. Au couronnement d’épines j’ai vu entrelacer d’aiguës épines et fabriquer le casque, afin qu’il soit enfoncé sur ma tête. Je me suis élancée sur le chemin du Calvaire, sans vitalité suffisante pour arriver jusqu’au bout. Je ne pouvais pas avancer davantage : les forces m’abandonnaient petit à petit. J’ai été clouée sur la croix : à chaque coup de marteau je m’évanouissais. Le Calvaire s’était obscurci. On n’entendait plus que les soupirs de la chère Maman, étouffés par les blasphèmes : je les ressentais plus que ces derniers dans mon cœur.


[1] La dernière Passion physique soufferte par Alexandrina eut lieu le vendredi précédent, fête de Notre-Dame des Douleurs.
      La vénérable sœur Barbara de Saint Dominique est passée en trois ans de la nuit des sens à celle de l’esprit (Vie, pages 229 à 230). Elle souffrit les horreurs de l’esprit, subissant toutes les semaines les tourments de la Passion du Sauveur jusqu’à être crucifiée avec Lui et à exhaler son dernier soupir.
Alexandrina entra dans la nuit des sens vers 1937. A partir de 1938 elle souffrit la Passion physique du Seigneur jusqu’à fin mars 1942. Pendant ce temps-là les fiançailles mystiques se consumèrent. A partir de mars 1942 et jusqu’à sa mort (en 1955) elle souffrit la Passion intime et traversa la nuit de l’esprit, pendant laquelle le mariage mystique se réalisa (1944).
Sainte Angèle de Foligno  explique: « La transformation de l’âme en Dieu a trois modes d’accomplissement. La première transformation unit l’âme à la volonté de Dieu (union de conformité), la seconde l’unit avec Dieu (union mystique et fiançailles), la troisième en Dieu et Dieu en elle (union mystique et mariage).
La première transformation est une imitation de Jésus-Christ crucifié, car la croix est une manifestation de la volonté divine.
La seconde transformation unit l’âme avec Dieu. Son amour n’est plus seulement alors un acte de sa volonté; car la source est ouverte, la source des sentiments immenses, la source des immenses délices; cependant il y a encore place ici pour la parole et la pensée.
La troisième transformation fond tellement l’âme en Dieu et Dieu en elle, qu’à la hauteur immense où le mystère s’accomplit, les paroles meurent avec les pensées: celui-là sait ces choses qui les sent ». “Visions et Instructions” - Éditions Christiana - STEIN AM RHEIN; Suisse.

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