mercredi 11 avril 2012

LETTRES À UN AMI


DEUXIÈME LETTRE
PREMIÈRE COMMUNION
R., le 25 avril 2004
jour de la béatification d'Alexandrina


Mon ami aujourd'hui est un jour de gloire pour la “Petite malade de Balasar”: Place Saint-Pierre, à Rome, notre Saint-Père Jean-Paul II l'a proclamée bienheureuse.
Image officielle pour la béatification
Quelle joie pour ce petit du nord du Portugal, quel honneur pour l'archidiocèse de Braga, quelle joie et quel honneur pour tout le Portugal! Après la béatification  de Francisco et de Jacinta, les deux voyants de Fatima, une nouvelle bienheureuse est ainsi offerte à la dévotion du peuple lusitanien... Quelle joie!... Quel bonheur!...
Mon ami, mon cœur est en fête et mes yeux se remplissent de larmes de joie! Béni soit à jamais le Seigneur qui nous donne ainsi un nouvel exemple à suivre, et quel exemple, mon Dieu: Alexandrina est un luminaire qui éclairera de sa lumière surnaturelle toute l'Église, pas seulement celle du Portugal, mais toute l'Église universelle.
*****
Lors de ma dernière lettre où je te parlais d’Alexandrina de Balasar, je m’étais arrêté au moment où sa mère, Maria Ana, la fit revenir à la maison, après un essai de travail chez un cultivateur voisin… pour cause de non-respect de contrat moral passé entre eux.
Je continue donc :

Alexandrina parle d’elle

« J’étais tellement vive ― raconte-t-elle dans son autobiographie ―, qu’on m’appelait « Marie-garçon ». Je dominais non seulement les filles de mon âge, mais aussi les plus âgées. Je grimpais aux arbres et je marchais de préférence sur les murs que sur la route » (Autobiographie)[1].
Mais cette vivacité, cette envie de faire le pitre, ne l’empêchait pas d’être une jeune fille sensée et ordonnée, bien au contraire : elle gardait bien les pieds sur terre, si l’on peut dire cela après ce qu’elle vient d’avouer…
« J’aimais bien travailler : je faisais le ménage, je ramassais le bois et je faisais d’autres travaux domestiques ; j’aimais bien que le travail soit bien fait et j’aimais aussi être habillée proprement ».
Dans ce même document elle exprime un regret qui nous montre l’une de ses plus grandes vertus : l’humilité :
« Je trouve en moi, depuis ma plus tendre enfance, tant de défauts, tant et tant de méchancetés… J’aurais bien aimé que depuis le début, ma vie ait été pleine de beauté et d’amour envers Notre Seigneur ».
Depuis son plus jeune âge Alexandrina fut attirée par le ciel, par la prière, par le chant en église, par les dévotions mariales…
« Vers quatre ans ― écrit-elle dans son Autobiographie ―, j’aimais m’attarder à contempler la voûte du ciel. Plus d’une fois j’ai demandé aux miens s’il n’était pas possible, en empilant les maisons et les auberges, les unes sur les autres d’arriver au ciel ».
Sainte naïveté !
« Déjà à cet âge ― dit-elle quelques lignes plus loin ― j’aimais beaucoup la prière, car je me rappelle que ma tante me demandait de prier avec elle pour obtenir de Dieu sa guérison ».
Je ne sais pas, mon ami, si la vie d’Alexandrina ainsi “détaillée” te cause de l’ennui, mais il est vrai que je ne peux pas réduire à la plus simple expression une vie qui est si belle, si remplie de Dieu et de son amour miséricordieux.
Je prends donc le risque de t’ennuyer… mais pour la bonne cause !
Puis elle raconte un premier signe de ce qu’elle-même qualifie comme un appel Dieu :
« À l’âgée de six ans, il m’arrivait de rester, la nuit, de longs moments, à voir tomber sur moi des milliers de pétales des fleurs multi couleurs : on dirait une pluie fine. Ceci se répéta plusieurs fois. Je voyais tomber ces pétales, mais je ne comprenais pas ; peut-être était-ce Jésus qui m’invitait à contempler ses grandeurs ».
Puis, un autre fait qui la marquera pour toujours : sa première Communion, quand elle suivait à Póvoa sa courte scolarité. Elle raconte :
« À Póvoa de Varzim j’ai fait ma première communion. Le Père Alvaro Matos m’a examinée sur le catéchisme, m’a confessée et m’a donné la Communion pour la première fois. J’avais alors 7 ans. Comme prix j’ai reçu un beau chapelet et une image pieuse. J’ai communié à genoux et, malgré ma petite taille, j’ai pu fixer la sainte Hostie de telle manière qu’elle s’est imprimée en mon âme. J’ai cru alors m’unir à Jésus pour ne plus être séparée de Lui. Il a pris possession de mon cœur, ce me semble. La joie que je ressentais était inexprimable. À tous j’annonçais la bonne nouvelle. Ma maîtresse, désormais, me menait chaque jour à la communion ».
J’ai communié à genoux… J’ai pu fixer l’Hostie… Elle s’est imprimée en mon âme… J’ai cru alors m’unir à Jésus pour toujours…
Voici, mon ami, quelques repères importants qui définissent clairement sa spiritualité future, mais déjà embryonnaire dans l’âme et dans le cœur de cette enfant de sept ans.
Plus tard, lorsqu’en extase, son action de grâces et ses prières étaient faites à genoux… Et l’Hostie alors, quel bonheur quand elle en parle dans son “Journal” spirituel qu’elle a appelé “Sentiments de l’âme” !
Mais nous aurons le temps d’y arriver, mon ami, car une autre étape se dessine : celle de sa confirmation :
Église de Vila do Conde
« Ce fut à Vila do Conde,[2] que j’ai reçu, des mains de Son Excellence l’Évêque de Porto,[3] le sacrement de Confirmation. Je me souviens, très bien, de cette cérémonie et de la joie qu’elle m’a procurée. Au moment où je recevais ce sacrement, je ne sais pas bien expliquer ce que j’ai ressenti : on dirait une grâce surnaturelle qui me transformait et qui m’unissait plus profondément à Notre-Seigneur. Je voudrais bien expliquer tout cela, mais je ne le sais pas ».
Alexandrina prie déjà, elle prie beaucoup et semble se sentir heureuse de cette grâce que le Seigneur lui accorde déjà, mais qu’elle ne comprend pas encore tout à fait.
Elle écrit :
« Au four et à mesure que je grandissais, le désir de prier augmentait en moi. Je voulais tout apprendre. Encore aujourd’hui je garde le livret de prières et de dévotions de mon enfance : prières à la Sainte Vierge, offrande quotidienne au Seigneur de mes actes journaliers, prière à l’Ange gardien, à saint Joseph, et plusieurs prières jaculatoires ».
Puis cette attention toute particulière et filiale envers Marie, notre Mère :
« Quand je sortais en promenade avec ma nourrice et avec d’autres enfants, je m’éloignais pour cueillir des fleurs que j’allais ensuite déposer dans la chapelle de Notre-Dame des Douleurs ».
Mais, j’en resterai là pour aujourd’hui… Dans ma prochaine lettre, je te parlerai, mon ami des prières d’Alexandrina. Tu seras certainement agréablement surpris et captivé comme moi je l’ai été.
En attendant, confions-nous à sa protection, car son pouvoir sur le Cœur de Jésus est très grand. Confions-lui nos “bobos” de chaque jour et demandons-lui de nous aider à les amenuiser.
Que la paix et l’amour du Seigneur soient avec toi,
Ton ami dévoué.


[1] Afin de ne pas surcharger la lettre, avec des notes, je te préviens que tous les textes en italique, sont tirés de l’Autobiographie d’Alexandrina, sauf indication contraire.
[2] Petite ville balnéaire, à 3 kilomètres de Póvoa de Varzim.
[3] Monseigneur Antonio Barbosa Leão, duquel Alexandrina conserva une photo jusqu’à sa mort, en souvenir de sa Confirmation.

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