samedi 24 septembre 2011

LETTRE A SÃOZINHA

Le texte qui va suivre demande une petite explication :

Maria da Conceição, dite Sãozinha
Maria da Conceição Leite Proença, dite Sãozinha, était la maîtresse de l’école des jeunes filles de Balasar. Elle avait presque le même âge qu’Alexandrina et sont devenues très amies à la suite d’une découverte intéressante : elles avaient le même directeur spirituel, le Père Mariano Pinho.
Par la suite Sãozinha est devenue la “secrétaire” d’Alexandrina et écrivait une grande partie des textes du Journal spirituel (Sentiments de l’âme), sous la dictée d’Alexandrina, qui ne pouvait plus “prendre la plume, car cela lui était très pénible”.
De temps à autre elles s’écrivait des lettres, surtout à l’occasion de l’anniversaire de l’une ou de l’autre.

* * * * *

Ma bonne petite sœur ;
Je vous appelle ainsi, non seulement parce que vous traitez avec charité la plus indigne des enfants de Dieu, mais aussi parce que toutes deux, nous recevons du Seigneur la croix bénie de chaque jour. Celle-ci, portée avec amour et résignation, est un moyen efficace pour nous élever de plus en plus dans l’amour de Jésus; pour nous sanctifier et pour aider, par nos souffrances, les âmes qui, sourdes à la voix de Jésus et aveuglées devant sa lumière, s’abandonnent aux plaisirs du monde sans jamais penser à leur salut.
Combien elle est belle notre mission !
En ce qui me concerne, j’avoue me considérer indigne d’un aussi heureux sort !...
Vous dites dans votre lettre que vous viendrez pour apprendre avec moi la science de la croix. Que dois-je vous enseigner ? Et à qui... alors que moi j’ai tant besoin d’apprendre ?... Vous êtes, Madame, plus instruite que moi pour enseigner; mais si c’est la volonté de Dieu, je suis prête à devenir votre maîtresse et élève à la fois.
J’ai souvent dit que j’étais venue en ce monde pour travailler, souffrir et offenser le Seigneur. Triste vérité... car, je l’ai déjà tant offensé ! C’est celle-ci la plus grande peine qui m’aiguillonne toujours. La souffrance est ma plus grande consolation, et je ne l’échangerais pas contre le monde entier.
Quelle ingrate je ferais, si je refusais de donner mon corps, qui ne vaut rien, à Celui qui, à cause de moi, a tant souffert !... À Celui qui désire se procurer beaucoup de victimes d’amour pour sauver les âmes !
Depuis seize années, la maladie, jour après jour, s’est propagée dans tout mon corps... et depuis dix années je suis prisonnière dans mon lit sans pouvoir me lever...
Combien j’ai été favorisée par le Seigneur ! Combien suave est le joug sous lequel il me tient !
Je reçois ceci comme une preuve d’amour de la part de Jésus pour mon âme.
Que soit béni Celui qui n’a pas dédaigné mon indignité ![1]


[1] Cette lettre d’Alexandrina est la réponse à la lettre de Sãozinha du 1 septembre 1934.
« Cela m’a fait plaisir d’apprendre que tu continues de porter, avec patience et résignation la croix de ta vie. Oh, si seulement je savais vivre de la sorte ! Me permets-tu d’aller à ton école pour apprendre avec toi ? Je serai une élève bien rebelle à tes leçons. Toutefois, j’essaierai et peut-être que, voyant et entendant, je me souvienne de quelque chose, par la suite. » — Maria da Conceição (Sãozinha). - Lettre du 5 septembre (?) 1934 à Sãozinha.

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