dimanche 24 juillet 2011

LETTRE AU PAPE

C’était pendant la guerre 1939-1945…


Ce que je pense sur la guerre, et ma confiance en Dieu.
Quand on me parle de guerre, et du danger qui court le Portugal, je souris à tout, car mon cœur redouble de confiance allant jusqu'à dire à Jésus: Jésus, j'ai confiance en Vous. Et je réponds à qui m'en parle: Ce ne sera pas aussi grave que cela, Notre Seigneur est l'infinie miséricorde ! Ce n'est pas parce que nous méritons plus que les autres nations. N'ont-ils pas les parents parfois des prédilections pour l'un de ou l'autre de leurs enfants ? Il en est ainsi avec Notre Seigneur.
Moult fois ces conversations me faisaient souffrir pour ce que j'entendais du monde et pour ce que je ressentais de Notre Seigneur, et j'écoutais quand Il me disait maintes fois : “Aie confiance, aie confiance, ma fille”. Parfois j'avais peur que ce soit le démon, mais ses effets ne se faisaient pas sentir dans mon âme. En entendant les paroles " Aie confiance, aie confiance, ma fille", je me sentais remplie de paix et de force, capable de vaincre la guerre. Il est arrivé jusqu'à moi que le Saint Père avait été emprisonné, mais je ne me suis pas laissée persuader, j'ai mis cela sur le compte de la confusion qui régnait dans la population.
Depuis toute petite je prie pour le Saint Père, mais depuis quelques temps je prie encore plus, ayant pitié du nombre de ses souffrances. Maintenant que j'entends tout cela, je prie encore davantage. Une douleur très forte a pris possession de moi ainsi qu'une grande compassion pour lui que parfois je ne pouvais résister. Je sentais en mon âme un deuil, comme quand décède un père de famille et qui laisse tous ses enfants orphelins. Les jours passaient et dans cette lutte constante je ne me décourage pas d'offrir à Jésus toutes mes souffrances et je demande la paix. Je voulais le soulager et le réconforter, le libérer de tant de souffrances, mais je ne savais pas comment faire. Un jour, après avoir communié, j'ai ressenti un grand désir d'écrire à Sa Sainteté. Sans pouvoir lui résister, j'ai dis alors à ma soeur: Je vais écrire au Saint Père. Donne-moi un stylo et du papier. Et j'ai commencé à écrire, demandant à Notre Seigneur toute la lumière et la force et de nouveau j'ai offert ce sacrifice.
J'ai écrit ce qui suit :

Très Saint Père :
Je sais que dans ces heures tragiques qui vit l'humanité, après Jésus, le cœur qui souffre le plus est celui de Votre Sainteté.
Jésus souffre parce qu' IL est offensé et Votre Sainteté souffre de voir le monde en guerre, dans la haine et les crimes. Et ici combien souffre aussi le cœur de la plus pauvre, de la plus misérable et indigne de vos filles de ne pas pouvoir libérer le Divin Cœur de Jésus des crimes de l'humanité, pour qu' IL ne soit plus jamais blessé, et de ne pas pouvoir alléger cette douleur si atroce et profonde qui anéanti et transperce le cœur de mon cher Père spirituel et Père du monde entier.
Ô mon cher petit Papa, je ne vaux rien, je ne peux rien, je ne suis que pauvreté et misère, mais Jésus peut me faire forte et puissante et c'est avec Jésus et avec ma petite Maman chérie que je suis à coté de Votre Sainteté, pour, avec mes souffrances l'aider à porter si lourde croix.
Je voudrais embrasser la terre où Votre Sainteté pose les pieds, je voudrais me traîner par terre par où passera mon cher petit Père comme signe de ma douleur de le voir souffrir, et de mon profond respect.
Courage, courage, Très Saint Père, Jésus ne nous abandonne pas, la force vient d'en haut, la guerre cessera et la paix régnera entre les hommes, mais toujours avec douleur et sacrifice, et le règne de Votre Sainteté continuera toujours entre les épines, mais Jésus ne nous manquera pas avec toute Sa grâce et amour pour que mon cher petit Père puisse monter joyeux un si douloureux calvaire. C'est Lui qui a choisi un si tendre fils pour être notre Père à tous, pour nous donner les saintes lumières du Divin Esprit-Saint. Il est triste le règne sur terre, à cause de la méchanceté des hommes, mais il sera joyeux et glorieux dans le ciel comme récompense de tant de douleurs et de tant d'amour pour Jésus.
Très Saint Père, je suis une de vos filles, malade depuis vingt-six ans et paralysée depuis presque dix-neuf ans.
Cette lettre représente un énorme sacrifice, car je suis alitée, avec mon pauvre corps transpercé des douleurs les plus aigües, mais c'est une preuve d'amour, amour saint pour mon très cher Saint Père.
Ah, mon Père, s'il m'était possible de dire combien je souffre dans mon corps et dans mon âme ! Combien triste et douloureuse a été ma vie ! Ma vie est seulement joyeuse avec les yeux de Jésus.
Père, mon Père, donnez-moi votre bénédiction apostolique, adoucissez ma douleur, ayez pitié de moi et pardonnez mon audace. Je n'ai demandé conseil à personne, car cela fait déjà deux ans que je n'ai pas de directeur spirituel. Ordonne qui peut, et obéis qui doit obéir. La bénédiction, la bénédiction, mon Père et pardon pour cette lettre si mal écrite, mais je ne sais pas écrire autrement.
Je n'oublie jamais Votre Sainteté, ni sur terre, encore moins au ciel. Je ne sais pas parler à mon cher petit Papa, pardon, pardon !
Je suis la pauvre
Alexandrina Maria da Costa

Sentiments de l'âme, 9 novembre 1943

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